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Tchad des témoignages lugubres(2)

par Ndengar Masbé 9 Mai 2017, 17:11 Tchad témoignages lugubres

Tchad des témoignages lugubres(2)

Des témoignages lugubres, il y en a de plus en ces derniers temps. Celui-ci est autant étonnant que surprenant. Voici la preuve. En effet, jusque-là, c’étaient encore des opposants et des activistes qui donnaient de la voix mais les données semblent bien changer. 42 degré à l’ombre. La chaleur crucifie la capitale du cinéma. C’est suffoquant. Le visage des usagers qui font des va et bien est crispé. La fatigue et la colère s’y lisent à la fois. En cette période, une seule envie nous tient prisonnier : la soif. Je fais un tour dans un espace public pour m’affranchir de ce fardeau. Pari réussi et me voici sur mon cheval en fer. L’astre du jour décline peu à peu ses rayons particulièrement peu cléments en ce jour. Quartier après quartier ainsi que des rues traversées, je suis enfin au nez de la maison de Sadack (un pseudo. Par mesure de sécurité nous ne pouvons révéler sa vraie identité) que nous appelons affectueusement le « Vieux ». Malgré la différence d’âge, le vieux et moi discutons toujours à bâton rompu. Social, politique, culture, leçon de la vie, conseil… aucun sujet n’est tabou. De mémoire d’homme, le vieux ne m’a jamais parlé de son appartenance politique. Mais il m’a fait une confidence ce jour : « j’étais un militant de 1re heure du MPS ». Je comprends que la présence du vieux loin de son Tchad natal n’est pas de gaieté de cœur. Il savait que cette partie de l’histoire m’intéresse particulièrement. Curieux donc je fais pleuvoir sur lui un chapelet de questions. « Je ne répondrai à aucune de tes questions aujourd’hui, petit curieux », me lance-t-il, tout taquin. Je capitule. En attendant qu’il se décide de répondre un jour à mes questions, puisqu’il m’en a fait la promesse, je vous libre un morceau de sa confession.

 

« Je suis contre l’injustice. Partout où il y a l’injustice je m’insurgerai. Mon pays a connu plus de quarante années de guerres civiles. Des guerres des unes plus violentes que les autres et on sait qui est à l’origine de ces guerres. Lorsqu’on a perdu les élections, on doit accepter le verdict des urnes. On ne cultive pas la rancune pour venir massacrer le peuple qui vous a défait ».

« Je hais le régime de Idriss Deby qui tue encore aujourd’hui. Il a modifié la constitution alors que c’est sur cette même constitution, qu’il a taillée sur mesure, qu’il avait juré. Je ne peux pas supporter cet homme ! Raison pour laquelle, loin du Tchad mieux je me porte. Pour être honnête Idriss Deby représente l’élément le plus détestable du Tchad aujourd’hui. Il incarne tout ce que je déteste et je ne suis pas le seul dans cette position. Il a envoyé des milliers et des milliers de Tchadiens en exil et pas n’importe lesquels : toute la matière grise tchadienne est quasiment dehors. Il m’est impossible d’évoquer son nom. Je suis allergique en son nom ».

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