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Croissance économique en 2019 : Qui de Déby et de la BAD ment au peuple ?

par Ndengar Masbé 22 Février 2019, 18:45 croissance économie BAD tchad peuple mensonge Idriss Deby PIB pétrole

Croissance économique en 2019 : Qui de Déby et de la BAD ment au peuple ?

Dans son adresse à la nation le 31 décembre 2018, Idriss Deby Itno a promis une croissance de 6,9% en 2019. Pour la même année, la  Banque africaine de Développement (BAD) annonce, plutôt, une croissance de PIB de 4,2%. Qui donc croire ?  

 

Le Tchad possède deux grandes richesses : la tragédie et la pauvreté. Intéressons-nous au dernier, dans son aspect développement et croissance économique. Depuis 2014 en effet, le navire Tchad bat pavillon échec. Le pays rime au rythme de la misère sévère, famine, arriérés de salaires, 16 mesures, maladies, etc. Notre pays se meurt, sous les regards impuissants de sa population. Grèves des fonctionnaires s’intensifient année après année. En 2018, on était à seulement trois mois de cours. Sans oublier l’abandon des centres de santé. L’hémorragie ne semble pas s’arrêter  là, et de sitôt, plongeant ainsi l’économie dans une décroissance pitoyable. Depuis quelques années, notre économie ne s’est jamais aussi mal portée comme maintenant. Tenez, en 2017, notre économie a connu une croissance de -3,8%. Cette courbe décroissante a du mal à se redresser. En tout cas, pas pour bientôt l’embellie, comme l’a annoncé notre chef de l’Etat à la veille de 2019.

Habitué au mensonge depuis 30 ans

Entre le discours et la réalité du terrain, le fossé est énorme. Haranguant les 12 millions des Tchadiens  à la veille de 2019, le président Idriss Deby Itno parle d’une croissance de 6,9%  pour l’année en cours. Ignorance ou démagogie ? Les Tchadiens se demandent par quelle alchimie leur chef de l’Etat atteindra ce score qu’il n’a jamais réalisé depuis presque 30 longues années au pouvoir. La BAD corrobore la crainte des Tchadiens en annonçant qu’en 2019, le pays de Tombalbaye connaitra une croissance de PIB de 4,2% et cela sera possible « grâce à la remontée des cours du pétrole et la renégociation de la dette Glencore » et de 5,8% en 2020. En conclusion, même en 2020, le pays ne connaitra (jamais) le score de 6,9%, d’autant plus qu’il est tributaire de la variation du baril de pétrole sur le marché. Qui donc de Deby et de la BAD a menti au peuple tchadien ?

La promesse, dit-on, n’engage que celui qui y croit. Cette promesse de croissance de 6,9% est  un pur mensonge auquel le peuple tchadien est habitué depuis bientôt 30 ans. Selon la BAD, la croissance s’est stabilisée à 2,8% en 2018, mais de là à atteindre 6,9% (presque 7%), est quasi-irréalisable. De toute façon, face à cette promesse présidentielle, les Tchadiens restent sceptiques, comme St Thomas : ne pas croire sans avoir vu.

Economie sous perfusion

Plusieurs facteurs ne plaident pas en faveur de la croissance vertigineuse de notre économie. Cette économie, sous perfusion, est peu diversifiée et dépend en grande partie du pétrole qui n’est pas aidé non plus par les caprices du marché mondial. Notre économie dépend du pétrole qui représente, environ, 78 % du total des exportations pour les années 2016-2018 et jusqu’à 89 % pour 2018. Et les recettes émanant de l’or noir de Doba représentent, en moyenne, plus de 65 % des recettes totales. Si la volatilité des cours du pétrole a des répercussions néfastes, la mauvaise gestion du peu que nous avons engrangé a aussi porté un coup dur à notre économie déjà en berne. Aussi l’industrialisation est-elle faible. Le pays fait face à un manque criant d’industrie. Excepté la brasserie du Logone qui date de l’ère Tombalbaye et la Manufacture de cigarettes, rien de majeur.

Le secteur agricole, lui aussi, malheureusement manque de valorisation et d’innovation alors qu’il contribue à hauteur de 50% (2017) du PIB et occupe 90 % de la population. Les engins (tracteurs) qui ont été achetés à coups de millions ont été détournés de leur mission première qui est le labour, pour se retrouver entre les mains des parents des DG et autres commis de l’Etat, en train de transporter du sable. A tous ces facteurs défavorables, s’ajoutent également, selon la BAD, « le déficit d’infrastructures » qui « est très prononcé et accuse un score indiciel de 7,239/100, classant le Tchad 51e sur 54 pays en 2018 ». En rappel, en matière d’indice de développement humain (IDH), le Tchad est classé 186e  sur 188 pays en 2016, presque dernier comme ce fut le cas dans bon nombre de secteurs. C’est à croire que le pays de Toumaï est un élève médiocre de tous les établissements parcourus.  

 

Masbé NDENGAR

Article initialement publié dans le Journal Le Baromètre no 013 du 13 au 28 février 2019

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