Ouaga – N’Djam : Mes anecdotes avec Ray’s Kim

Bro. C’est ainsi qu’on s’appelait. J’espérais qu’on me dise encore une fois que ce n’était qu’une rumeur, comme le 20 octobre 2022. J’ai passé des heures à fouiller les publications des internautes, cherchant désespérément un seul post qui viendrait démentir ta mort. Hélas, l’évidence s’est imposée, implacable.

Bro, je me demande parfois quel est vraiment l’essence de l’existence humaine. Sommes-nous nés pour traverser des épreuves aussi insurmontables ?

Je n’ai ni la force ni les larmes pour te pleurer. Alors, j’ai choisi de t’honorer à ma manière, à travers ces quelques anecdotes que nous avons partagées à Ouaga entre 2023 et 2024.

« C’est vraiment toi, Masbé ? »

Le soir de ton arrivée à Ouaga, je faisais partie de l’équipe venue t’accueillir. Abba NGol et N2A étaient là aussi. C’était au restaurant Le Café du Sahel, de la grande Valentine. Je me souviens encore de ton accolade chaleureuse, pleine de fraternité. Avec les autres, nous avons échangé sur tout : politique, société, culture, situation du Tchad, avenir du pays… Le respect et la convivialité régnaient.

Au moment de se séparer, tu m’as lancé :

« C’est bien Masbé, celui avec qui je me chamaillais tout le temps sur Facebook ? »

« Oui », ai-je répondu avec un sourire.

« Enfoiré ! », as-tu répliqué en riant, avant de dire aux autres que tu ne m’aimais pas au début parce que je te contredisais toujours à propos de Nolimit. Toujours surpris, tu es revenu à la charge :

« C’est vraiment toi, Masbé ? », en me serrant fort contre ta poitrine.

Et Abba Gol, taquin, a ajouté :

« Vous avez la même taille et vous vous bagarrez ! »

Tout le monde a éclaté de rire. Ce soir-là, on s’est quitté dans la bonne humeur. Depuis ce jour, nous ne nous sommes plus jamais séparés.

Des jumeaux

On nous appelait souvent les jumeaux tant notre ressemblance physique frappait. Presque même taille, même coupe de cheveux, même teint. Un après-midi, alors qu’on se détendait dans un espace public, une vendeuse ambulante s’est approchée, les yeux fixés sur nous. Je t’ai soufflé : « Elle pense sûrement qu’on est des jumeaux. »

Arrivée à notre hauteur, elle a lancé :

« Les jumeaux, j’ai des produits pour vous ! »

Nous avons éclaté de rire à l’unisson. Ce jour-là, la soirée fut particulièrement belle.

Séance photo à l’église

Je me rappelle aussi de ce dimanche après le culte, quand une dame s’est approchée pour demander une photo avec moi. J’ai ri en lui disant que je n’étais pas Ray’s Kim. Surprise, elle a reculé d’un pas pour mieux m’observer, puis a ri :

« C’est plutôt son ami alors ! On peut se ressembler à ce point ? »

J’ai raconté la scène à Ray’s Kim plus tard, et on en a rigolé.

Ami de tout le monde

Ray’s Kim, tout le monde le connaissait. Ce n’est un secret pour personne. Il descendait toujours sa vitre pour saluer enfants, femmes, anciens ou jeunes. Quel que soit leur âge ou leur rang, il s’arrêtait toujours pour échanger quelques mots.

Un jour, je lui ai dit qu’il devrait ajouter une à deux heures à notre programme rien que pour ses salutations. Il a ri et m’a répondu : « Ne néglige personne, c’est très important. »

« Ne néglige personne, c’est très important ». Je fais de cela un principe de vie jusqu’au jour où on se reverra… Ray’s Kim, va en paix mon frère !

Masbé NDENGAR