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Tchad : Mahamat Idriss Deby doit retourner dans sa caserne

par Ndengar Masbé 2 Septembre 2024, 11:00 Tchad Politique Mahamat Idriss Deby Itno caserne militaire opposition N'Djamena inondations transition gouvernance

Mahamat Ousmane Adam, Activiste politique et défenseur des droits humains - Tchad

Mahamat Ousmane Adam, Activiste politique et défenseur des droits humains - Tchad

Depuis son arrivé au pouvoir de manière illégale à la fin du mois d'avril 2021, suite à un coup d'Etat militaro-constitutionnel, dont résulte l'assassinat du président Deby Senior, un assassinat qui je vous rappelles près de 4 ans après, plane toujours autour d'un un mystère insondable. 

Très vite le nouveau jeune dit "l'homme fort du pays " a été dès son arrivé au pouvoir au centre de nombreuses controverses, suscitant à la fois des soutiens et des critiques, marqué par une instabilité politique et des défis socio-économiques, qui méritent d'être scruté de près. 

À la tête du pays depuis plusieurs années notamment tour à tour président du conseil militaire de la transition (P.C.M.T) pendant une année et depuis, puis ensuite s'est couronné président de la transition (P.T) pendant près de deux (2) ans...et tout ça, sans le moindre partage avec les civils, alors que cette formulation était essentielle pour apaiser la tension politique, il géra malgré lui, le pays avec une main de fer.

 l- Une Gouvernance Contestée

L’un des reproches majeurs fait au président tchadien est sa gestion autoritaire clanique et surtout klaptocratique du pouvoir. Malgré les promesses de réformes démocratiques et la volonté fallacieuse affichée d'instaurer les recommandations du dialogue national inclusif (DNIS), sauf que la réalité est souvent tout autre. 

Les élections qui l'avait apporté au pouvoir sont minées d'irrégularités, des fraudes massives qui ne reflètent pas véritablement la volonté populaire...l'on se souvient toujours de ces vidéos devenu virales sur les réseaux sociaux à son époque, où l'on voit des jeunes truquaient les élections au compte du régime des "Deby", en commençant par les résultats du référendum constitutionnel, des jeunes qui seraient payés pour saboter la voix du peuple, d'où des fiches sont des remplies dans les urnes à la place de ceux qui ont boycotté, l'on se demande si ceci se passe au cœur de N’Djamena quel serait donc le cas du Tchad profonde dans les zones reculées ou l'opposition n'a pas de délégués? 

Une chose est sûre, ce que le président a mis en place un système d’oppression où les dissentiments sont réprimés à sang et où la liberté d’expression est compromise, malgré les promesses faites devant les partenaires. 

L'opposition démocratique et la société civile se trouvent désormais dos au mur, les manifestations pacifiques, le regroupement et les réunions sont systématiquement réprimés à sang et interdit et  depuis 34 ans que la démocratie est étranglée ainsi, toute fois les mises en garde de l'Amnesty international sont foulés aux pieds, seul les griots  « l'armée propagandiste » du tyran, les opportunistes et les courtisans du régime sont permis de chanter les louanges et téléguidé par le parti MPS avec pour seul but :  «blanchir» l'image du tyran en débit de ses atrocités, cette manière de faire nous rappellent les moments sombres des "Parti unique" où les différents régimes autoritaires faisaient ce qui leur semblaient mieux et sans inquiétude. 

La répression des manifestations, la censure des médias et les coupures récurrentes de l'internet sont des préoccupations récurrentes. Ces actions soulèvent des questions sur le respect des droits de l’homme et le fonctionnement d’une démocratie véritable. Le climat de peur et d’insécurité qui en résulte nuit tout simplement au développement d’une société civile dynamique et engagée dont rêve les Tchadiens.

Il- Défis Socio-économiques 

Sur le plan économique, le Tchad est riche en ressources minières, entre autres en pétrole et en Or, à cela s'ajoute le transport et logistique parmi les plus importantes de l'Afrique Centrale, mais les richesses qui en résulte ne se traduisent pas en bénéfice pour la majorité de la population qui peine à assurer ses deux repas quotidiens. 

L'extrême misère, le chômage des jeunes, provoqués par une absence d'opportunités est une belle illustration des rapports alarmants de PNUD sur les indices du développement humain ou le pays se classe tristement au 167ème place sur 169, avec l'une des espérances de vie les plus médiocres au monde 49 ans au moyen. 

Le pays souffre d’un instable environnement économique, accentué par des crises récurrentes. Le taux de pauvreté reste l'un des plus élevé au monde, et les nombreux Tchadiens n’ont pas accès aux services de base tels que l’éducation et/ou la santé.

Le paradoxe est que dans l'un des pays les plus pauvres et inégalitaires comme celui-ci, la classe politique régnante s'est bien fait des immenses fortunes en lapse de temps ; des biens mal acquis, dérivés pour la plupart des détournements du fonds public, des corruptions chroniques et massifs.

Cette oligarchie au pouvoir a amassé des sommes tellement pharaoniques qu’on peine à en prendre toute la mesure.

Des luxueux villas, des grosses cylindrées des immenses jardins allant des dizaines au centaines des hectares avec des parcs à l'intérieur qu'ils se sont accaparés du jour au lendemain, laissent à deviner la destination de la manne pétrolière du pays...ces richesses illicites ne représentent en réalité que la partie émergée de l’iceberg, comparativement aux milliards des dollars qu'ils ont soigneusement volé et cachés dans les paradis fiscaux de Panama, Suisse, Afrique du Sud, dans les monarchies du golfe-persique ou encore ici à Paris.

Par exemple en France, rien que les biens immobiliers du clan Deby sont estimés à plus de 30 millions d'euros soit à peu près 20 milliards de FCFA, et les experts du dossier qu'on a contacté nous disent le montant pourrait être le double, cette enquête du "media part", montre exactement l'ampleur de cette gabegie financière et la situation alarmante du Tchad.

IIl- Un véritable îlot de prospérité dans un océan de misère ? 

Le paradoxe est que le pays a décrété état d'urgence alimentaire au début de l'année 2024, alors que le président de ce même pays a dépensé jusqu’à 1 million d'euros ce qui est équivalent à 650 millions de FCFA rien que pour s'acheter des costumes chez le seul tailleur parisien.

Les Tchadiens se demandent d'où est-ce que le clan Deby à sa tête le dictateur Mahamat kaka a amassé cette fortune ? À ce que je sache, ils ne sont ni cultivateurs, ni éleveurs moins encore des commerçants, voilà les principaux secteurs d'emploi au Tchad. Sauf que jusqu’à preuve du contraire ils n'ont rien comme source de revenu saine. C'est tout simplement l'argent du peuple Tchadien qu'ils ont pillé au vu et au su des Tchadiens et les bailleurs de fonds, ce n'est plus un secret donc. 

Entre temps les enseignants continuent de grever à cause des salaires non payés et les élevés restent à la maison ...

IV- La position française 

 Je me demande comment est-ce qu’un grand pays comme la France, un pays de forte institution juridiques puise se laisser faire, rester silencieuse devant une telle situation ? d'un côté octroyé d'aide budgétaire à hauteur des millions d'euros au Tchad via l'AFD (agence française de développement), et de l'autre voir sans agir ces mêmes millions se soient détournés puis blanchir par la clique, les oligarques et investir à Paris ? À qui profite finalement cette criminalité financière ? Suis convaincu que ce n'est pas seulement à cette bande Tchadienne. Nous exigeons de la part de la justice française de mettre plus de rigueur dans sa lutte contre le blanchiment des biens afin de se faire une ombre honorable dans l'histoire, et ce moment y arrivera où quiconque ayant trahi le Tchad récoltera simplement ce qu'il a semé... « Impossible de semer un neem et vouloir récolter du raisin » disait un adage populaire. 

Le président Emmanuel Macron a dans la foulée a intronisé le Deby Jr, et jura devant le monde, devant le peuple et devant l'histoire qu'il ne cautionnera pas la dynastisation du Tchad, 4 ans plus tard le voilà il est rattrapé et le peuple Tchadien se souviendra encore et pendant longtemps de cet homme qui a basculé le destin rose du pays.  

V- Une déception généralisée 

La plus grande déception jusqu'à l'heure où j'écris ces lignes, c'est l'absence totale d'une politique publique et les rares fantômes sont souvent critiquées pour leur manque d'efficacité et de durabilité. 

Les investissements dans les infrastructures sont insuffisants et mal répartis, laissant certaines régions dans un état d'abandon, ne se reste que les infrastructures de base, les salles de classe pour les écoliers ou les châteaux d'eaux.

 Le monde entier était témoin récemment de ce qui s'est passé à N’Djamena, la capitale dite "vitrine de l'Afrique", dont des quartiers sont assiégés par l'inondation, des rues sont impraticables, des familles entières sont devenus des SDF, leurs maisons se sont font sautées  ou engloutis par les eaux générées par les fortes pluies  et donc sont obligés de se loger dans les salles de classes, des lycées et collèges parfois insalubres et non confort...malgré les préventions météo, aucune mesure n'a été prise pour anticiper ce désastre...Entre temps dans d'autres régions tchadiennes, des aéroports internationaux, des hôtels luxueux, des instituts supérieures, des lycées et marchés modernes sont construits dans les villes fantômes sorti de nul part où personnes n'habitent...les maçons ayant travaillé témoignent avec stupéfaction que des villas de plusieurs millions qu'ils ont construit, à défaut des humains, ce sont finalement occupés par les animaux domestiques: ânes et chevaux, des véritables «éléphants blancs» 

Personnellement suis pas opposé au développement d'une région mais seulement contre l'exclusion de l'autre, alors d'où l'égalité de chance et la justice sociale dans toute sa forme s'impose. La corruption qui gangrène les institutions étatiques, complique davantage la situation et crée un climat de méfiance parmi les citoyens... 

Vl- Sécurité et Conflits Internes

 Le Tchad continue de faire malheureusement l'objet d'une crise interne sérieuse et chronique, marquée par un cycle d'une violence inouïe.

 la récente violence tribale dans la zone septentrionale, succédé par une autre série de carnage extrême à huit clos de part et d'autres entre les éleveurs et agriculteurs dans la partie méridionale du pays laissent à faire croire que l'horizon d'une paix durable tant chanté par les hypocrites semple une pure utopie...une situation dramatique d'après Grisis groupe “ rien que dans la période allant de 2021 à 2024, ces conflits agro-pastorals ont fait  1 230 morts et plus de 2000 blessés”, mais en ma qualité de défenseur des droits de l'homme j'estimes que le bilan est plus de 2 fois plus lourd que ça, puisque ce nombre n'est que pour les victimes recensé dans les hôpitaux, et pourtant au Tchad, si une personne est déclarée morte à la maison, on ne le déclare pas aux médecins ni aux juges...à cause de discrédits que s'octroient ces institutions aux yeux du peuple Tchadien. La lutte contre le terrorisme, particulièrement dans la région du lac Tchad et les conflits intercommunautaires a entraîné une militarisation croissante des civils. Cependant, l'usage de la force pour gérer ces crises internes soulève des inquiétudes quant à la protection des droits des citoyens.

 Le désarmement des civils semble à un règlement de compte d'une part et une extorsion à ciel ouvert à d'autre part, les trois provinces qui constituent le Ouaddaï Géographique ont été victimes des abus majeurs des droits humains orchestrés par la force mixte de désarmement, les femmes ayant manifesté contre la barbarie des militaires ont été réprimées sans pitié et ni honte...les citoyens du lac Tchad ne sont pas en reste de l'usage nocif et force. 

 Les méthodes adoptées par le gouvernement pour rétablir l’ordre sont souvent perçues comme disproportionnées et génératrices de davantage de tensions. Le président tchadien doit faire preuve d’une approche plus inclusive, en engageant un dialogue constructif avec les groupes armés particulièrement avec CCMSR & FACT et en recherchant des solutions pacifiques aux conflits. Ignorer les racines des tensions pourrait mener à un cycle de violence interminable.

 Vll- Un président manqué du leadership 

 En effet, le leadership du président tchadien est absolument contesté sur les fronts politiques, économiques e et sociales. Ceci se traduit d'abord par la définition même de la forme de son régime, qui se penche plutôt à l'oligarchie...le peuple Tchadien se demande aujourd'hui qui dirige vraiment le pays ?  Une chose est sûre : Mahamat Kaka n'est pas le seul capitaine au volant malgré qu'il prétende porter cette tâche, elle n'est qu'en réalité symbolique.

 La récente création d'une force paramilitaire F.I.R (force d'intervention rapide), garde rapprochée du président en dehors de tout cadre militaire légal renforce cette hypothèse. 

Qui détient donc vraiment le pouvoir ? Quels sont les rapports de force ? Comment sont prises les décisions stratégiques ? Des questions sans réponses qui autorisent toutes les interprétations et engendrent tous les fantasmes.

C'est toute une bande et de tout bord qui est réuni pour ruiner de manière impitoyable le destin de la nation Tchadienne, une bande indisciplinée telle une foule de vautours au chevet d'un zèbre moribond. L'absence d'un centre de décision définit est en partie la plus grande bombe à retardement redoutable que les jeunes craignent... La DGSSIE, GNNT, PSI, FIR, DAR...des milices tribales créés et dirigés chacun par un oligarque indépendant qui échappe toujours au contrôle du président et celui du ministère de la défense. 

La nécessité d’une réforme militaire, urgente et profonde est indiscutable. Les attentes de la population pour une gouvernance transparente et efficace doivent être prise aux sérieux, sinon cette ambiguïté et faiblesse de Mahamat Kaka crée un climat de désillusion de désarroi et de mécontentement incongru.

Pour un véritable changement, il est impératif que le président prenne en compte les aspirations de la nation Tchadienne et travaille à établir un cadre démocratique où chacun peut exprimer ses opinions sans crainte de répression. 

Une pareille manœuvre est essentielle non seulement pour l’avenir du Tchad, mais aussi pour la stabilité de la sous-région dans son ensemble, sans nul doute ceci nécessite un leadership renouvelé et responsable pourrait donner au Tchad la chance de sortir de sa situation dramatique actuelle et d’emprunter la voie d’un développement inclusif et durable. La pauvreté malheureusement reste dispersée et le décollage demeure incertain. 

 En effet tant que Mahamat Kaka se fera entourer des conseillers incompétents, gloutons et corrompus qui continueront de construire des routes fragiles, et les écoliers, lycéens et étudiants à étudier dans des salles et amphithéâtres surchargées, l'espoir de voir un Tchad grand demeurera un mirage pour toujours. 

Mahamat Ousmane Adam 

Activiste politique et défenseur des droits humains - Tchad

 

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