Le dialogue national inclusif souverain a non seulement prolongé la transition tchadienne de deux ans, mais a consacré l’éligibilité de Mahamat Idriss Deby à la prochaine présidentielle. Ce que le peuple tchadien craignait est finalement arrivé. D’ailleurs, c’était un secret caché par la junte mais connu de tous. Ce qui ne déroge pas à aux pratiques politiques au Tchad. Pour nombre de Tchadiens, tout a été ficelé bien avant le dialogue qu’on savait biaisé. Il fallait juste organiser un machin qui ressemble au dialogue pour réussir le vernis. Et c’est chose faite par les courtisans. Les réfractaires comme le parti Les Transformateurs, la société civile notamment Wakit Tama et la faction rebelle FACT, ont bien compris en prenant leur distance ou du moins en posant des conditions préalables à leur participation. Et, le temps leur a donné raison, sur toute la ligne.
Risque
Cette décision assassine, prise au Palais du 15 Janvier sont contraires aux aspirations du peuple tchadien. Ce dernier veut, en effet, le changement radical du système Deby. Il en a assez d’un pouvoir dynastique qui l’étouffe depuis une trentaine d’années. Malheureusement, cette décision comporte un haut risque pour le Tchad. Sauf séisme, elle va irréversiblement plonger le Tchad dans un avenir sombre. Les bruits de botte vont se faire entendre à nouveau sur le sable du BET. Quelle qu’en soit le degré de passivité des sudistes, ils sortiront inévitablement de leur long silence pour élire domicile dans les forêts touffues, renouant ainsi avec leur instinct de codos. Un instinct peut être de survie ! En légitimant un putschiste, ce dialogue attise davantage la lutte armée, qui prend tout son sens.
Les Kabadi, Kebzabo, Gali et consorts, considérés comme les principaux acteurs de cette décision criminelle auront sur leur conscience, pour le reste de leur vie, la tragédie en cours car le sang des enfants innocents du Tchad coulera. En plus d’eux, le peuple tchadien en veut à la communauté internationale, à l’Union africaine, à l’Union Européenne, à la France qui ont contribué a érigé un pouvoir monarchique au Tchad. Cette communauté internationale savait très bien que Mahamat Idriss Deby Itno allait prendre goût du pouvoir, même s’il avait pourtant dit qu’il ne se représentera pas aux échéances électorales prochaines. On se demande finalement que vaut l’honneur d’un officier qui ne respecte pas la parole.
Ce faisant, le Général putschiste marche inévitablement sur les pas de son père qui n’a jamais respecté sa parole jusqu’à la mort. Mieux, il se laisse induire en erreur par les courtisans qui ont menti durant plusieurs décennies à son géniteur, le conduisant à la mort. C’est à croire que nous sommes les victimes préférées du destin fatal !
Cet article a été publié dans le journal Le Baromètre N°027 du 12 au 22 octobre 2022, P8
Masbé NDENGAR