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Insécurité : Tchad, un pays assoiffé de sang 

par Ndengar Masbé 1 Juillet 2022, 11:53 insécurité Tchad sang tuerie Sandana assassinat pays

Insécurité : Tchad, un pays assoiffé de sang 
« Dieu créa l’enfer. Il le trouva trop facile. Il décida donc de créer le Tchad », cette métaphore racontée sous forme de blague sur les réseaux sociaux, donne le sourire aux lèvres. Mais elle est l’illustration parfaite de notre pays le Tchad. Un pays où tout va mal.

Quiconque dira le contraire est appelé à nous démontrer le contraire, ne serait-ce que dans un seul domaine. Le Tchad est sans exagération une terre de conspiration de drame. En un an de règne du Conseil militaire de transition (CMT), nous avons touché le fond. De l’Est à l’Ouest en passant par le Nord et le Sud, le sang coule à flot.

A Abéché, des paisibles citoyens ont été même abattus au cimetière à l’inhumation des leurs. Une telle sordidité n’est observable qu’au Tchad. Abéché n’avait pas encore régénéré ses larmes que le drame s’est déporté à Faya où des enfants ont même perdu la vie. Le Tchad est-il un pays assoiffé de sang ? En si peu de temps du règne du CMT, le pays est imbibé de sang ? En réalité, le Tchad est un pays qui n’existe que sur la carte, mais mort de l’intérieur. Le cas du village Sandana est encore vivace. En effet, Sandana s’est réveillé le 9 février 2022 avec une douzaine de morts dont le plus âgé avait 55 ans et le plus jeune, 12 ans. Ce sont les mêmes qui avaient perpétré ce qu’il convient d’appeler Sandana 1 en 2019 où 11 personnes ont été tuées dans des mêmes conditions. Sandana 1 et Sandana 2 n’ont connu point de justice quand bien même que les auteurs sont clairement identifiés avec une liste de leurs noms qui a été remise aux autorités. Ces dernières ont donné l’impression d’agir mais rien. Elles jouent sur le temps et dès que les esprits se calment, elles passent à autre chose.

Complice d’une insécurité pour maintenir la transition

Le CMT qui a justifié son coup d’Etat par la question sécuritaire, nourrit le secret dessin de prolonger la transition au-delà des 18 mois. La stratégie consiste à faire régner l’insécurité car à observer la situation de près, il n’y a aucune volonté de résoudre le problème. Après Sandana, ce fut le tour de Kélo, avec le conflit intercommunautaire qui a fauché des vies humaines. Pendant que la plaie est encore puante dans cette ville, l’insécurité, tel un oiseau volant, a enjambé la ville de Kouri Bougoudi où plus de 200 personnes sont assassinées. Il y a des signes qui ne trompent pas. En effet, au début, on assistait à des incendies quasi quotidiens à N’Djamena et à l’intérieur du pays. On n’a jamais connu les causes.  Ensuite, on est passé aux massacres puis au terrorisme, qui justifierait d’ailleurs le refus de l’autorisation des manifestations du 28 mai 2022. Le plan de prolonger la transition savamment orchestrée semble bien fonctionner. Mais que peut-on bien attendre d’un pouvoir aux mains d’une bande inexpérimentée, une junte clanique (8 sur 15 généraux membres du CMT sont d’une même zone géographique) si ce n’est qu’incertitude et la croisée de chemin. Le Tchad, au stade actuel, est une Nation sans destinée, abandonnée aux mains des trafiquants de l’espoir. Comment en seulement un an, Mahamat Idriss Deby a pu plonger le Tchad dans un perpétuel deuil. Le quotidien des Tchadiens rime avec des funérailles.

Que des pleurs et gémissements tous les jours. En si peu de temps, l’avenir de notre pays n’est que confusion et incertitude, un pays fissuré et déchiré de l’intérieur et ses propres enfants s’entredéchirent… un Etat néant… On est tenté de se demander quelle destinée pour une telle Nation dont la lueur d’espoir ne vaut que le crépuscule agonisant.

On se souviendra des 17 morts lors des manifestations du 27 mars 2021. En plus de cette boucherie, le népotisme, le clientélisme, le régionalisme, la corruption… sont érigés en règle au Tchad. Si la plupart des régimes qui se sont succédé n’ont pas été paisibles pour les Tchadiens, celui de Mahamat est terrifiant.

Cet article a été publié dans le journal Le Baromètre N°026 du 13 juin au 23 juillet 2022

Masbé NDENGAR

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