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Misère, intoxication, détournements, problème de santé publique, absence d’infrastructures… Doba ou ville martyre !

par Ndengar Masbé 12 Février 2021, 12:39 Doba pétrole Tchad politique développement Logone Oriental détournements infrastrctures misère intoxication

Misère, intoxication, détournements, problème de santé publique, absence d’infrastructures… Doba ou ville martyre !

Dans cette analyse, Mahamat Ousmane Adam, l’auteur, présente Doba comme ville martyre. Une ville agonisante et victime d’une misère sévère pourtant elle est parmi les villes les plus riches du Tchad car productrice de pétrole depuis presque 20 ans. L’économie, la santé, l’éducation, le social, l’élevage, l’agriculture…il a touché tous les domaines. Fin connaisseur de Logone Oriental, Mahamat Ousmane Adam, très talentueux et sans langue de bois n’épargne personne surtout les responsables des dérives qu’il a présentées dans son analyse. Il ne s’est pas contenté de faire des critiques acerbes et objectives mais a proposé un chapelet de solutions aux maux qui minent Doba, avant dernière ville en matière de développement mais aussi qui n’a qu’un seul goudron construit par le fonds de développement européen. Voici ses 10 solutions qui sonnent comme 10 commandements de développement de Doba, ville intoxiquée. *

Cher aîné Ngarmbatina Lamane, dans l'une de tes publications tu as usurpé les images de la ville de Moundou pour illustrer le planage du Maréchal à Doba dite "Dob-city" par ses aimés.

 Ceci à mon avis est une insulte non seulement envers ta personnalité mais aussi et surtout à l'égard de tous les 1 million d'âme que compte le Logone Oriental.

La ville Doba est une victime directe de l'exploitation pétrolière depuis 18 ans. Pour ceux qui connaissent Doba et qui la regardent objectivement, cette citée est devenu toxique, polluée et nocive pour la santé surtout ces 5 dernières années.

 Je crains aussi sur une éventuelle chute de l'espérance de vie de ses habitants.

 Ces mutations précités sont dû à l'exploitation abusive de l'or noir, une ressource bénie pour certains mais une malédiction pour beaucoup, puisque ni ceux de la ville de Doba en particulier et les autres tchadiens dans leurs globalités en ont profité comme il le fallait ? Les choses ne s'arrêtent pas seulement sur ces aspects mais il faut noter les dégâts du pétrole de Doba qui vont au-delà de ce qu'on pense.

Le dégagement en quantité importante à l'air libre des Toluène, naphtalène, hexane ou xylène source directe de neurotoxiques ou encore de benzène et de formaldéhyde, provoquent le cancer. Allez-y voir à l'hôpital provincial de Doba, à l'hôpital de Ganze ou encore à celui catholique Saint Joseph de Bebidja remplit des femmes cancéreuses, cancer des seins qui depuis le début des années 2014 ôtent la vie des centaines de femmes à Doba dont deux de mes tantes rien qu'en un intervalle de 2 ans.

 Des cancers des seins apparus récemment et qui prennent une dimension exponentielle. Sa propagation inquiète et à cela s'ajoute la chute la baisse de reproduction humaine, juste peu de temps avant l'exploitation, Doba fut la 2e ville du Tchad en terme de démographie mais où en est-elle aujourd’hui ?

 Ceci vérifie la thèse scientifique selon la laquelle l'exploitation impactera négativement à longue durée sur la santé humaine dont en tête la reproduction : chute du taux de la natalité.

 Ces femmes (cancéreuses de la province du Logone Oriental) manquent aussi des soins sanitaires appropriés, structures adéquates, manque médecins qualifiés dans cette branche médicale dite : "cancérologie".

 Mais il faut souligner aussi que ce n'est pas seulement l'espèce animale qui est en danger mais non à côtés de celle-ci, l'espèce végétale l'est aussi.

Car les plantes fruitières ne produisent pas assez comme l'époque poste exploitation pétrolières, les mangues, goyaves et autres mais aussi les céréales dont le riz, sorgho et le mil qui à l'époque rassasient même les termites mais aujourd'hui c'est devenus un souvenir pour les vieux agriculteurs de la localité qui ne racontaient que des histoires aux petits fils qui à leurs tour prenaient pour des légendes mythiques sous les manguiers stérilisés par le 2- butoxyethanol, dégagé par les barils et puits de Lomé.

 Doba, cette ville tchadienne connue pour sa cosmopolité socioculturelle et sa richesse agro économique mérite mieux que son état actuel, son sous-développement doit nous préoccuper au même titre que celui du reste de notre Tchad.

 C'est inacceptable qu'aujourd'hui le gouvernement Tchadien dont le Président DEBY à la tête ignore complètement la situation dramatique que traverse le Logone Oriental, qui a elle seule garantie quelques 35% de PIB du pays mais que par contre les autochtones fauchés jusqu'aux cheveux se zappent la galère 7j/7 sans travail, pourtant des jeunes à l'âge médian est : 20 ans, le chômage des jeunes diplômés ou non reste un défis majeurs pour cette ville qui en principe devrait être une zone industrielle où tous les fils des autres villes Tchadiennes y viendront chercher de l'emploi.

Mais c'est dommage que c'est plutôt l'inverse qui s'abat.

 Certes la chute de cette ville est dû à quelques-uns de ses fils, qui d'une manière ou une autre ont détourné à leurs profits les 5% des fonds (revenus pétroliers) dédiés à la construction et dédommagement de la localité productrice, mais cela n'épargna non plus la responsabilité du Chef de l'État dans cette affaire puisque la logique exige un suivi de gestion particulièrement de Chef suprême du pays.

 Alors de tout ce qui précède, je suggère (d'ailleurs des rappels) quelques solutions aux plus hautes autorités soucieuses du développement du pays, notre TCHAD et ses habitants, dont le Maréchal du Tchad en premier lieu.

De bien vouloir secourir les dobalais qui meurent à petit feu, en faisant ceci :

- Adopter un programme sanitaire préventif spécial pour le Logone Oriental ;

- Adopter un programme agricole approprié afin de faire face aux crises écologiques sans précédentes qui nuisent le secteur agricole ;

- créer un cadre mixte de dialogue social afin de bannir ce sérieux problème qui endeuille des familles chaque année, un problème itératif qui plonge Doba et ses environnants dans l'impasse: le fameux conflit agriculteurs-éleveurs mais aussi s'attaquer sérieusement au problème sécuritaire qui secoue le secteur économique de la localité car l'instabilité de la République centrafricaine de 2014 a touché la région, la vieille Histoire de "coupeur de route" s'est dégénérée dans la zone frontalière notamment à Nyamodo et Mbaibokoum ;

- Adopter un Plan du développement de la ville de Doba (PDVD) qui s'appuiera sur les infrastructures routières, industrielles et écologiques, goudronner la ville de Doba et la relier avec les préfectures clés dont :

Doba - Bodo, Doba- Beboto, Doba- Goré et enfin Doba- Laï, etc.

 - Il faut urgemment une interconnexion énergétique Doba - komé (35km) afin de faire bouger le secteur d'activité économique qui s'est arrêté à cause de coupures intempestives de l'électricité ;

- Redémarrer la coton-Tchad et l'usine de jus de fruits de Doba et mettre des hommes capables afin que l'entreprise puisse embaucher les jeunes sans emplois ;

- Accorder une somme importante (d'argent) aux jeunes afin de financer leurs projets et s'auto-entreprendre pour pallier aux problèmes financiers ;

- Arrêter et juger tous ceux qui sont impliqués au pillage du fameux 5% de revenus pétroliers ;

- Impliquer la jeunesse sur place et celle de la diaspora dans la gestion de la province notamment lors des prises des décisions ;

- Reboiser la région en plantant quelques 1 à 2 millions des plantes et des lichens pour combattre le réchauffement climatique dû à l'exploitation anarchique par les bûcherons d'une part et la pollution de l'air de l'autre part.

Je souhaiterais que ce PDVD soit géré par le Chef de l'État lui-même sans intermédiaire afin que Doba retrouve sa place dans le classement administratif. Vivement !

 

 Mahamat Ousmane Adam

*Le chapeau est de la rédaction ainsi que le titre.

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