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Attaques de Boma : Voici les erreurs qui ont coûté la vie à 98 soldats tchadiens

par Ndengar Masbé 8 Avril 2020, 14:06 Attaques Boma armée Boko Haram Deby Idriss Deby président soldats Crisis Group militaire Etat Tchad erreur

Ph: France24

Ph: France24

L’inexpérience des jeunes soldats recrutés dans l’armée, leur constante villégiature au quartier pour l’alcool et la libido, leur rupture en minutions ainsi que la présence des anciens éléments de Boko Haram dans l’armée tchadienne seraient à l’origine des dégâts humains et matériels dans l’attaque de Boma.

 23 mars 2020. Le peuple tchadien est informé par différents canaux de communication d’un rude combat de 8H d’horloge dans la Province du Lac Tchad. Bilan : 98 soldats tombés dans le rang des forces gouvernementales et d’énormes dégâts matériels. Sans compter des civils qui ont également perdu la vie dont des enfants et des femmes. Certaines indiscrétions estiment le nombre de victimes, civiles et militaires à plus de 170 morts. C’est la marque de Boko Haram. C’est environ 400 éléments qui ont attaqué l’armée tchadienne.  Mais que s’est-il réellement passé ? Pourquoi autant de morts ?

Les erreurs de notre armée

Jamais dans son histoire, l’armée tchadienne n’a essuyé un tel affront, même dans les rudes combats dans les Ifoghas au Mali. Il y a certains éléments qui ont facilité l’attaque de Boko Haram. L’attaque serait due à la négligence des militaires. En effet, il est ressorti qu’il avait une absence de la garde. Pourquoi la garde n’a pas été assurée ce jour-là ? Difficile de le savoir, mais cela est sans nul doute un réel problème dans le dispositif. Notre source révèle également que les projecteurs éclaireurs n’étaient pas allumés. Il se raconte que le chef militaire qui a la responsabilité du camp serait en mission et son adjoint n’aurait pas réussi à imposer de la rigueur au sein des éléments. Les éléments auraient profité de ce laisser-aller pour abandonner la garde, mais n’ont pas non plus mis en marche l’éclairage.

 


A toutes ces dérives, s’ajouterait la complicité de certains éléments. Selon notre source, il y aurait des taupes au sein de l’armée qui ne seraient autres que des repentis de Boko Haram qui ont été enrôlés dans l’armée, il y a une année. Ce qui aurait fait bénéficier aux terroristes un important coup de main au sein de l’armée. Crisis Group a également relevé cet état de fait sur son site : « Le mouvement s’est procuré une bonne partie de ses premiers armements au Tchad, achetant des armes qui circulaient largement dans ce pays, théâtre de plusieurs guerres civiles depuis 1965. Certains des premiers chefs militaires de l’organisation étaient d’ailleurs d’anciens rebelles tchadiens en quête de nouveaux combats ». Profitant de l’abandon de postes de garde, les éléments de Boko Haram se sont infiltrés dans le tunnel, une sorte de tranchée creusée par l’armée pour le besoin de protection en cas d’attaques. Ils ont donc bénéficié d’un point très stratégique les mettant à l’abris de la contre-offensive de l’armée tchadienne.

 
Lors de l’attaque, Boko Haram a utilisé une stratégie banale qui a semé la panique au sein des jeunes soldats nouvellement recrutés. En effet, ils auraient poussé des cris de partout, tout au long de la tranchée qui entoure la base, semant ainsi la confusion et la panique.  L’inexpérience des jeunes soldats n’était pas non plus de nature à favoriser la troupe. Ces derniers, à un moment donné du combat étaient en rupture de munitions…les assaillants ont ainsi mis en déroute la garnison de l’armée tchadienne avant de se replier en emportant leur armement.

En plus des 98 morts annoncés officiellement, on compterait également une cinquantaine de blessés mais aussi des prisonniers et un nombre non négligeable de véhicules militaires détruits (24 véhicules).

Les soldats seraient constamment en ville à la recherche d’alcool mais aussi pour satisfaire leur libido. Aussi, selon Crisis Group, « une partie de l’armée est traversée par des doutes » mais aussi « certains soldats sont parfois démotivés ». Mis bout à bout, ces dysfonctionnements dans l’armée tchadienne ont favorisé l’ennemi. Et dans le domaine militaire on paie cash. Une petite erreur n’existe pas dans une stratégie de guerre. En un mot comme en mille, il y avait défaillance dans le dispositif. Deby lui-même a souligné cela. Cela nécessite un réaménagement. Mais quelques questions  taraudent l’esprit.  Pourquoi les renforts ont tardé alors que les combats se sont déroulés pendant 8h d’horloge (5h à 13h) ? Pourquoi la force Barkhane avec son aviation n’a pas volé à la rescousse alors qu’il leur faut juste 20 mn de vol ?  Et pourquoi depuis Paris, l’ancien rebelle Mahamat Nouri est-il immédiatement libéré de prison au lendemain du combat ? Il y a des signes qui ne trompent pas.

Masbé NDENGAR

 

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commentaires
H
Il faut savoir que les soldats tchadiens étaient ensommeillés pendant que les éléments de la nébuleuse Boko Haram ont encerclé notre camp.
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