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Alain Didah Kemba : « L’activisme tchadien rythme avec le discours de salon »

par Ndengar Masbé 30 Juillet 2019, 19:34 Alain Didah Kemba activisme activiste tchadien discours politique engagement Deby citoyen Iyina Tchad prison

Alain Didah Kemba : « L’activisme tchadien rythme avec le discours de salon »

L’analyse qui suit porte les griffes de Alain Didah Kemba, jeune activiste tchadien qui n’est plus à présenter. Sans langue de bois, il « crève l’abcès » sur l’engagement citoyen ou l’activisme au pays de Deby dont certains estiment en être le nombril. Cette analyse fait couler salives et ancres dans l’univers des activistes tchadiens qui taxent l’ex porte-parole de Iyina « d’ingrat ». Il appel à un engagement vrai sur le terrain et non à se contenter du virtuel. Morceau choisit : « Libérez-le sur les réseaux sociaux pour dénoncer une arrestation ou détention arbitraire ne sort jamais une personne de prison dans le contexte tchadien ». Nous vous proposons in extenso son analyse que bon nombre trouvent « inopportune » ou « choquante ». Lisez plutôt.

 

L'activisme, décrit comme un << engagement privilégiant l'action directe, pouvant aller jusqu'à braver la loi >> est un mot d'origine anglaise, sa transposition en français s'adresse à une catégorie des personnes ayant une position radicale sur un sujet précis, politique ou citoyen qui concourent à un changement positif de la société.

Le Tchad, depuis une décennie enregistre du jour au lendemain un nombre de plus en plus important des << personnes engagées >> sur plusieurs sujets, notamment politiques, résultat d'une prise de conscience véritable face à la mauvaise gouvernance érigée en règle dans notre pays ?

Fadel Baro, ancien coordonnateur du Mouvement Y'en a Marre me disait << Votre problème au Tchad s'est que vous avez assez d'activistes, mais nombre sont à l'extérieur. Chez nous, lorsqu'il y'a une mobilisation au Sénégal, nos compatriotes prennent l'avion pour venir nous soutenir >>.

Ce propos reflète le contexte tchadien où l'activisme rythme plutôt avec << le discours de salon >>, franchissant rarement le cadre virtuel, contrairement à la définition retenue de l'activisme cité dans le premier paragraphe.

Bon nombre d'activistes tchadiens résident dans la diaspora et ne peuvent pas non plus effectuer un voyage même de courte durée au pays, à 90 pour cent près sont des exilés politiques sans que personne ne sache en réalité le pourquoi qui explique ce statut pour la plupart.

À défaut de rentrer soutenir directement leur compatriote sur le terrain, ne peuvent-ils pas soutenir autrement leurs camarades ?

Alerter sur la situation des tchadiens au niveau international (visite dans les représentations diplomatiques, médias internationaux et autres) et mobiliser les moyens financiers (même si quelques rares s'impliquent dans la plaidoirie dans ce sens, cela reste insignifiant) en l'occurrence semblent à mon avis être la bonne guerre pour ces derniers. Cependant, il est observé une farouche guerre de leadership mettant ainsi en mal, l'union sacrée tant souhaitée pour tout bon observateur de la scène politique tchadienne.

Le contexte du Tchad, assez complexe nécessite des actions osées de terrain, bien que les posts engagés sur les réseaux sociaux contribuent aussi à l'éveil de conscience citoyenne, précisons que ceux-ci n'ont pas une influence significative sur le pouvoir en place. Publiez par exemple << Libérez-le >> sur les réseaux sociaux pour dénoncer une arrestation ou détention arbitraire ne sort jamais une personne de prison dans le contexte tchadien. L'expérience a montré qu'il faut des actions plus pointues et plus concrètes de terrain (saisir par exemple les partenaires économiques extérieurs du Tchad ou les ONG de défense des droits Humains) pour exercer une véritable pression sur nos gouvernants qui ont pour leitmotiv << le chien aboie et la caravane passe >>, une raison de plus pour corriger cette orientation déplacée de la contribution des activistes de la diaspora.

À l'intérieur du pays, deux catégories d'activistes se dessinent : les présidents à vie des associations dites des droits de l'Homme et les jeunes activistes indépendants, très radicaux sur plusieurs points.

Les premiers se croient indispensables et sont prêts par tous les moyens à rester maître de << leur association >>, l'objectif principal, maintenir leur train de vie au détriment des bénéficiaires des différents projets financés à coût de milliards de CFA.

La seconde catégorie, de plus en plus organisée sur des sujets précis ce dernier temps est manqué totalement de moyen pour sa politique, se retrouve en train de se battre, emprisonnée et exposée à toutes sortes de risques : assassinat, précarité et bien d’autres, mais continue des actions ponctuelles, malgré sa faible capacité de mobilisation due principalement à l'insuffisance de ses ressources.

Il est légitime de se poser la question sur la sincérité de l'engagement de certains activistes tchadiens qui laissent croire l'existence d'un agenda privé pour lequel il faut s'en méfier. L'activisme, de manière désintéressé doit relever de la responsabilité de tout jeune tchadien conscient de la situation du pays, cependant il n'est pas un métier, il faut le rappeler, ceci devient dangereux quand il est considéré comme un gagne-pain.

Les plus expérimentés, absents des débats futiles doivent porter secours aux plus jeunes-furieux pour redonner espoir aux tchadiens qui ne savent plus à quel saint se vouer.

  

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