Depuis le 28 mars 2018, soit plus de 10 mois que les réseaux sociaux sont coupés au Tchad. Pour se connecter, quelques 400 000 internautes tchadiens font recours à des méthodes assez coûteuses : accès VPN. Deux avocats sont allés en procès contre les compagnies de téléphones mobiles qui ont clairement dit qu’elles agissent sur injonction du gouvernement. 10 mois de censure, c’est trop ! en plus, le coût de connexion est parmi le plus élevé au monde : on est passé au mois de novembre 2018 de 12 000 à 7 000 fCFA (environ 11 euros) (tarifs dans l’article). La qualité est la plus médiocre. Priver le peuple de l’Internet c’est le priver de son droit numérique. C’est l’empêcher tout contact avec le monde. Pourquoi le gouvernement a-t-il coupé l’Internet ? A-t-il peur de quoi ? pourquoi cette répression sur Internet ? il y a tant de ‘’pourquoi’’ sans jamais de ‘’parce que’’ de la part de ceux qui sont à l’origine de cette forfaiture. Ainsi, dès ce samedi 19 janvier 2019, Internet Sans Frontières, activistes et défenseurs des droits humains lancent une campagne de mobilisation contre cette censure. Internautes Tchadiens, levons-nous pour le respect de nos droits ! Communiqué de presse.

Internet Sans Frontières lance le 19 janvier 2019 une campagne de mobilisation internationale contre la censure d’Internet au Tchad, pour agir contre le blocage des réseaux sociaux et le coût exorbitant d’accès à Internet dans ce pays d’Afrique centrale. Diffusée en ligne et hors ligne, notre campagne démarrera le 19 janvier 2019 par des manifestations à Paris, à N’djamena, une levée de fonds pour financer des accès VPN pour les internautes tchadiens, ainsi que des discussions sur les réseaux sociaux autour du hashtag #Maalla_Gatétou (NDLR : pourquoi vous avez coupé, en arabe tchadien), et sur Facebook. Chaque mois jusqu’à Juin 2019, de nouvelles actions seront proposées.
Le Tchad est parmi les pires États de la planète s’agissant du respect des droits numériques. Depuis la réélection contestée en Avril 2016 du président Idriss Déby, au pouvoir depuis 29 ans, plus de 400.000 internautes tchadiens sont régulièrement privés d’un accès normal à Internet et aux réseaux sociaux pour des raisons politiques.
A cette censure gouvernementale s’ajoutent le coût exorbitant d’accès à Internet, et la qualité médiocre de la connexion, imposés par les compagnies de télécommunications. Après une campagne menée par Internet Sans Frontières Tchad, le coût d’1Go de connexion est passé en Novembre 2018 de 12000 à 7000fCFA (environ 11 euros).

Ces entraves à la pénétration et au développement d’Internet au Tchad violent le droit International, et rendent hors d’atteinte l’objectif de développement durable n°9c, qui promeut accès à Internet à un coût abordable d’ici à 2020.
�Les droits numériques des tchadiens demeurent systématiquement bafoués.
Les actions en justice devant des juridictions nationales et internationales n’ont pas permis de rétablir les droits des des citoyens d’accéder à un Internet libre, ouvert et à un prix raisonnable. �Face à cette situation, Internet Sans Frontières lance un appel aux internautes tchadiens, africains et du monde, ainsi qu’aux organisations de défense des droits humains un appel à participer à une campagne internationale et citoyenne d’actions pour l’établissement d’un Internet libre et accessible au Tchad.

« La cyberbrutalité et le verrouillage de l’espace numérique par les autorités tchadiennes démontrent clairement la montée des pratiques autoritaires sur Internet. Si rien n’est fait, les bienfaits d’Internet pour le progrès démocratique dans le monde, notamment en Afrique, seront réduits à néant, » a déclaré Abdelkerim Yacoub KOUNDOUGOUMI, Responsable Afrique Centrale d’Internet Sans Frontières.
Le Tchad n’est pas le seul pays à intensifier la répression sur Internet, et à maintenir le coûts d’accès à Internet artificiellement haut. Depuis le 31 décembre 2018, Internet est totalement coupé en République Démocratique du Congo, et un décret signé le 1er décembre 2018 a augmenté de 60% le coût d’accès à la bande passante.