Le chien et le mouton voient la même chose mais l’un préfère se taire et l’autre aboie : je suis ce chien qui refuse de se taire. Bon nombre de compatriotes, pour une raison ou une autre, sont astreints au silence. Le plus souvent au nom de leurs enfants. Si c’est justifiable alors il n’en demeure pas moins un choix dangereux. On se demande d’ailleurs comment garantiraient-ils l’avenir leurs mômes dans un pays qui n’en a point ? Le malaise de mon pays est très profond, ce qui nécessite une thérapie de choc : une révolution sans complaisance. C’est ainsi que le blog « Tchad Révolution » est né, le 12 janvier 2016, des cendres de « Agorarevolutionnaire ».
Ce blog est le vôtre. Appelez-le quand vos droits sont bafoués. Au nom de l’espoir, je continuerai à me battre. A ce propos, un ami voudrait savoir les raisons de mon combat. Au premier degré, sa question semblait être stupide. Mais à examiner de près, elle est profonde. Ma réponse est sans hésitation : je me bats pour libérer l’opprimé. C’est peut-être prétentieux de ma part mais j’ai foi que le bien triomphera du mal. Même si j’échoue, ce sera avec dignité sur le terrain de l’honneur.
3 ans d’existence ! que du chemin parcouru. Vous qui y avez cru, oyo leussé[1]. Au cours de ces 3 années, 337 articles ont été rédigés ou co-écrits. En moyenne 113 articles fournis par an et 10 articles par mois. Je ne dresse pas un bilan glorieux au risque d’être nain face à certaines personnes, intrépides combattants. La quantité d’articles n’est pas non plus relative à l’amour de l’écriture mais c’est l’expression de la colère. Nous nous sommes engagés résolument pour que les droits des compatriotes soient respectés. Que chaque citoyen ait simplement de l’eau, de la nourriture, ait accès aux services, à l’éducation à la santé, à la justice… égalité entre les Tchadiens.
Regardant mon pays de loin, dans sa beauté tout comme dans sa laideur. Parler de sa splendeur ou dénoncer sa laideur, un choix doit être opéré. Le dernier fut mon option. Une option certes dangereuse mais qui a été opérée faute d’une autre alternative. Comment être indiffèrent face à toute cette injustice ambiante ? je n’ai pas le courage de rester motus face aux prisonniers assassinés à Massaguet. Mon silence me pèsera si lourd face à l’inégalité créée par l’Etat à travers ce torchon abusivement appelé Constitution de la fameuse 4e République. Les autres maux sont bien évidemment antérieurs à cette 4e République.
Etre activiste tchadien, c’est emprunter le chemin de la mort. On devient inévitablement la première cible du régime : un ennemi à abattre. Et pourtant le rêve d’un Tchad Nouveau, c’est le vœu de mon âme assoiffée de la liberté. On ne peut pas vivre dans la paix avec les acteurs politiques présents. Il faut nous assumer, auquel cas acceptons la servitude en courbant l’échine.
Aujourd’hui ma colère semble se mêler à la déception. J’ai le sentiment d’avoir échoué. Car plus le temps passe plus la mal gouvernance dans mon pays s’enracine et la corruption s’érige en règle normative. Tous les indicateurs sont au bas niveau. 4e pays le plus corrompu au monde ; dernier pays (50e/52 pays) en termes d’indices de développement. Sur le plan économique, il est dernier au monde… le tableau est sombre. Le combat reste encore rude. Le chemin est caillouteux et tortueux mais nous allons vaille que vaille l’emprunter. Il n’y aura pas de répit. Pour un Tchad Nouveau, du Tombeau nous reviendrons !
Masbé NDENGAR
[1] Merci à vous, en Gor, un des dialectes parlés au Sud du Tchad.