« Avez-vous une opposition au Tchad ?» Me questionne, au cours de la semaine, un ami. Dans un sourire gênant je lui répondis, timidement, par un « oui ». « Pourquoi une telle question ? » je le questionne à mon tour. Sa réponse : « je te lis ainsi que certains de tes compatriotes. La situation est assez grave. Mais pourquoi l’opposition ne réagit pas ? » « Je ne sais pas », lui ai-je répondu sèchement. En colère, j’ai mis fin à notre conversation. Cet échange entre mon ami et moi semble banal mais cache un malaise très profond. Au fond de moi j’avais honte : une autre faiblesse de mon pays vient d’être mise à nue.
En vérité, j’aimerais être à sa place et poser ces questions à l’opposition et m’asseoir l’écouter dérouler les réponses. Hélas ! En effet, le pays est dans une banqueroute avec une situation socio-économique dramatique et le peuple, abandonné à lui-même, se demande à quel sein se vouer. Avec cette critique situation, c’est le moment où le peuple a plus que jamais besoin d’un porte-parole. Curieusement, c’est à ce moment même, qu’il est délaissé, malgré son cri de détresse.
Inflation des denrées de premières nécessités sur le marché, hors de portée des citoyens moyens, et c’est là que notre opposition trouve une belle occasion de se murer dans un silence indescriptible. Son rôle serait-il uniquement la conquête du pouvoir ? De la même manière qu’elle est absente au chevet du peuple, ce dernier appliquera la réciprocité au moment opportun : les élections législatives sont déjà en vues. J’y veillerai personnellement. La réponse du berger à la bergère sera de détaille et sans complaisance. Comment une opposition, dont son rôle, par principe, est de s’opposer, peut-elle être motus au moment où le peuple broie du noir ?
Sa position est déconcertante et indigne d’une opposition digne de ce nom. Non, j’ai du mal à comprendre et à interpréter le silence de notre opposition quand la population de Miski souffre le martyr en recevant des bombes de l’aviation de Deby. J’ai honte ! j’aurais bien voulu voir, ne serait-ce que des déclarations hypocrites qu’elle a l’habitude de pondre, mais rien.
Elle est absente, totalement. Le peuple manque d’eau, avec moins de 20% de la population qui ont accès à l’eau potable. Là encore, elle brille par son silence. A ce niveau, ce silence complice peut être relatif au fait que la plupart des leaders de cette moribonde opposition sont nantis et ayant des châteaux d’eau. Ce n’est donc pas le sort du peuple qui la préoccupe. On l’aura compris…
Depuis plusieurs mois le peuple vit dans l’obscurité opaque car la société d’électricité en a décidé ainsi. La population crie mais sans soutien, son cri reste court. Là également tchuuu ! silence compact de l’opposition tchadienne. Néanmoins, Ngarledjy Yorongar, sur son compte facebook, à la date du 27 octobre 2018, ironiquement et d’une manière défaitiste a posté le message qui suit : « Merci CEMAC : Grâce à votre sommet consacré au franc CFA, j'ai pu avoir l'électricité hier soir. Grand merci. Mille fois merci ». Cela peut être également interprété comme une forme de dénonciation, timide soit-elle mais il n’est ni plus ni moins qu’un aveux d’impuissance et surtout comme une fuite de responsabilité.
Ailleurs pour ce même problème, l’opposition serait dans la rue. En 2013, l’opposition burkinabè, à l’appel du Balai Citoyen, avec son chef de file en tête, a manifesté devant la Société nationale d’électricité burkinabè (SONABEL) pour exiger non seulement des explications sur les récurrentes coupures intempestives mais le retour à la situation normale. Ce fut fait. Une scène similaire s’est produit au Sénégal. La nôtre, quant à elle, pour les mêmes raisons, est indifférente. Irresponsabilité ou démission ? Bien malin qui trouvera une réponse.
Au nom du peuple, l’opposition guinéenne est vent débout actuellement. Depuis presqu’une année, la coalition des 14 partis(C14) de l’opposition togolaise bat le macadam. La nôtre est plongée dans un profond sommeil léthargique. Son réveil sera certainement très douloureux. C’est mon souhait. Elle le mérite.
L’esclavage se pratique à ciel ouvert au Nord du pays mais il semblerait que l’opposition ignore le drame qui se joue dans cette partie du pays. Les Etats Unis ont condamné la Mauritanie du fait de la pratique de l’esclavage. Yorongar a saisi l’occasion pour sortir du silence sur cette pratique inhumaine qui se passe dans les montagnes du Tibesti. « Pourquoi Donald Trump ferme les yeux sur l'esclavage à grande échelle au Tchad ? » s’est-il interrogé, dans l’inertie totale.
Par rapport aux autres opposants, force est de reconnaître que l’homme de la fédération fait mieux. Comme quoi au pays des aveugles, le borne est roi.
Le peuple tchadien doit se mettre à l’évidence que son salut ne viendra(jamais) de l’opposition, pas en tout cas de celle moribonde du Tchad. De Dadnadji à Yorongar en passant par Laoukein et Kebzabo, ces vieux opposants en manque d’inspiration et d’initiative n’apporteront plus rien à votre situation sociale. En rappel, tous, sauf Yorongar, ont soupé avec le diable. Il faut les valser tous et les remplacer par la nouvelle génération. L’alternance à ce niveau doit être également de force, sinon c’est le Tchad en péril.
Masbé NDENGAR