Des départs massifs vers l’étranger. La jeunesse tchadienne s’exile. Beaucoup ont perdu l’espoir et peu ont foi en l’avenir. Cette jeunesse qui part du pays n’a plus envie de revenir à la maison. La raison : leur pays étouffe et bouffe leurs rêves. Elle est désespérée. Et c’est peu dire. Pourquoi s’entêter à écourter sa vie dans un pays où la simple réussite après les études devient de l’illusion alors qu’on peut bien vendre sa compétence sur d’autres marchés ! le choix est donc vite fait. Mais c’est selon… face à une politique d’éducation inexistante, l’avenir de la jeunesse est une incertitude. La santé, quant à elle, demeure un luxe, hors de portée de bon nombre alors que sous d’autres cieux, c’est le cas du Burkina Faso, la gratuité des soins est effective. Une jeunesse désabusée qui fait face aux braconniers et prévaricateurs n’a plus peur de prendre les armes pour se défendre. Elle a droit de goûter aussi aux délices d’un avenir radieux.
La population se meurt au pays de l’arrogant Deby, dans l’indifférence totale. La preuve : 22 régions sur 23 croupissent sous le poids de la famine la plus sévère avec les centres d’urgence prévus pour être installés en plein cœur de N’Djamena. Dire que le peuple manque de tout, jusqu’à l’élémentaire, est un pléonasme. Les jeunes Tchadiens sont désormais tournés vers d’autres mesures alternatives qui leurs offriraient un avenir radieux auquel ils aspirent : la résistance armée. Nombreux se sont engagés dans la rébellion et nombreux également sont sur la route. Dans les coulisses, les jeunes ne cachent pas leur ambition pour le port du treillis dans l’unique but de voir partir ce pouvoir cynique. Un seul slogan retentit : à la rébellion comme à la rébellion ! Et face à un pouvoir narcissique, ils sont prêts à tout : sacrifice suprême. La rébellion si loin, si proche. La réalité est là, implacable.
Dans la bravoure se trouve l’espoir. Avec amertume, nous pleurerons mais dans nos larmes scintillent au lointain la vie. Dans nos marches chancelantes se trouve la gloire du peuple. L’erreur n’est donc pas permise. Sur nos frêles et chétifs corps, se dessinent le salut du peuple. Trois fois nous tomberons, trois fois, sous un soupir retentissant, nous nous relèverons car la vie de tout un peuple se grippe à nos maigres espoirs alimentés par un faible souffle.
Les jeunes Tchadiens savent très bien ce qu’ils veulent. Ils sont prêts à reprendre le flambeau de leurs pays. Ils ont fraichement en mémoire ce qui s’est passé au Burkina Faso et en Tunisie ! Peut-être que ça monte et ça descend, ça avance et ça recule mais à force de faire trois pas en avant et deux en arrière, on a fait un pas en avant. Petit à petit on craint cette jeunesse parce qu’en un moment donné, on ne peut plus contrôler quelqu’un qui n’a rien à perdre. On leur a tout pris sans leur laisser ne serait-ce qu’un tout petit peu qu’elle craindrait de perdre. Et on ne contrôle pas celui qui n’a rien à perdre. Il est de toute évidence que la jeunesse tchadienne va y arriver.
Peu importe le temps que cela prendra. Le désespoir poussera, inévitablement, un jour le peuple à s’unir avec le diable pour combattre ce régime léthargique et fainéant. Au stade où nous sommes, tous les moyens sont bons pour valser ce gouvernement létal. En effet, face à un danger imminent, inutile de chercher la légalité ou la légitimité dans la lutte. Ainsi cette jeunesse à qui on a fini par rendre agressive, doit, en principe bondir sur son inévitable bourreau et l’assommer, auquel cas elle devrait payer au prix fort la sanction de son laxisme. Notre situation ne nécessite aucune retenue ni de la modestie dans notre action dont le seul but est de nous libérer de la tyrannie.
Reprenons le flambeau de la liberté en nous assumant courageusement. Notre détermination doit être sans faille car l’essence de notre existence en dépend. Libérer notre pays est l’unique preuve de notre loyauté envers le peuple terrorisé par une meute de loups que nous avons eu peu de clairvoyance d’introduire dans notre bergerie ce matin du 1er décembre 1990. Fermons la porte aux nez des années mortes et débarrassons-nous de cette dictature, la plus sanglante. Pour un Tchad Nouveau, du Tombeau nous Reviendrons !
Masbé NDENAGAR