On le connait pour celui qui n’a pas sa langue dans sa poche. On le connait également pour ses actions, souvent, retentissantes et ses positions controversées, mais demander à Deby de le déchoir de la nationalité tchadienne, c’est à ne rien comprendre. C’est du moins ce que pensent ses compatriotes. Comment Abel Maina, peut-il renoncer à son identité, d’un pays, le Tchad pour lequel il est prêt à donner sa vie ? dans le domaine de l’activiste il existe une multitude de moyens de protestations et diverses actions à mener pour se faire entendre, alors, est-ce une nouvelle forme de protestation adoptée par Maina pour fustiger les lois impopulaires dont le régime Deby est passé maitre dans l’art ces derniers temps? En attendant d’y voir clair, nous vous proposons in extenso son écrit dans lequel il s’explique.
IBANGOLO MAINA MANGA ABEL
Tél. : +33614336291
Email : ibangolo@gmail.com
Paris le 8 juillet 2018
A
Monsieur Idriss Deby Itno
Président du Tchad
S/C de l’ambassade du Tchad en France
Objet : déchéance de la nationalité Tchadienne
Monsieur Idriss Deby Itno,
Je soussigné IBANGOLO MAINA MANGA Abel, né le 8 Août 1983 dans la ville de Bongor, région du Mayo Kebbi, fils de MAINA MANGA AVARA né vers 1944 à Kélo et d’AIDA HODOGOL SARATOU née vers 1948 à Mosso Mandjou dans la sous-préfecture de Baktchoro, exilé en France depuis 8 ans et père de 3 enfants, je viens par la présente lettre vous soumettre ma déchéance de la nationalité Tchadienne.
En effet, Idriss Deby Itno selon le préambule des différentes constitutions rédigées sous votre règne depuis 28 ans, il est noté ce qui suit :
« Affirmons par la présente constitution notre volonté de vivre ensemble dans le respect des diversités ethniques, religieuses, régionales et culturelles ; (…) de bâtir un Etat de droit et une Nation unie fondée sur les libertés publiques et les droits fondamentaux de l’Homme, la dignité de la personne humaine et le pluralisme politique… ».
Ce préambule est le contrat de vivre ensemble que les différentes communautés et personnes vivant sur le territoire Tchadien ont signé et adopté pour pouvoir vivre ensemble dans le respect de la diversité.
C’est le respect de ce contrat constitutionnel qui définit notre vivre ensemble et surtout ce qui est ou devrait être un Etat laïc comme stipulé dans l’article 1 de cette constitution qui dit, je cite «le Tchad est une République souveraine, indépendante, laïque…
Il est affirmé la séparation des religions et de l’Etat ».
Malheureusement, lors de la prestation de serment des membres de votre dernier gouvernement, il a été imposé à toutes et à tous un serment confessionnel qui ne répond pas aux principes d’un Etat laïc comme stipulé dans notre contrat de vivre ensemble.
Une membre de votre gouvernement a été démise sur le champs puis remplacée par vous parce qu’elle avait refusé de faire le serment confessionnel.
Dans une ordonnance signée par vous Idriss Deby Itno puis rendu public le 24 mai 2018, vous ordonnez le serment confessionnel à tous les cadres et responsables de l’Etat dont voici les termes du serment « Moi…… Je jure au nom d’Allah/de Dieu, le tout puissant, d’être loyal dans mon travail, de ne pas trahir la Nation et le peuple, de ne pas dévoiler les secrets d’Etat et de respecter les engagements contenus dans la charte déontologique ».
Cette ordonnance écarte de facto toutes les personnes qui n’ont pas de religion à aspirer à toute fonction de l’Etat Tchadien.
Aussi, il faut noter le caractère de violation des règles religieuses chez les chrétiens pour qui il est interdit de faire un serment religieux.
Moi, Ibangolo Maina Manga Abel, agnostique et sans religion, je ne peux espérer servir l’Etat Tchadien car je n’ai pas de religion.
Je voudrais aussi vous rappeler que l’article 13 de la nouvelle constitution que vous avez imposé au peuple Tchadien stipule ceci « les Tchadiens des deux sexes ont les mêmes droits et les mêmes devoirs. Ils sont égaux devant la loi».
Malheureusement monsieur Idriss Deby, l’article 67 de votre constitution ne donne pas les mêmes droits à tous les Tchadiens et surtout fait du Président de la république, un homme au-dessus de cette constitution.
Cet article dit que ‘’ne peut être président qu’une personne âgée de plus de 45 ans’’ alors que le droit de vote est de 18 ans au Tchad. Cet article est en total contradiction avec l’article 13 de la même constitution.
Dans un de vos discours en 2017, vous nous avez traité, nous Tchadiens de la diaspora, d’être des apatrides alors qu’aucun décret de votre part n’a déchu personne de la nationalité Tchadienne.
Eu égard à tout ce que j’ai cité, je vous suggère donc de me déchoir de ma nationalité Tchadienne car, je ne me reconnais pas signataire du contrat constitutionnel qui nous lierait. Cela vous facilitera en plus la tâche d’avoir un citoyen opposant en moins étant donné que vous semblé avoir tous les pouvoirs sur vos compatriotes.
Je me confierai aux instances de l’Union Africaine et des Nations Unis afin de me reconnaitre le Statut d’apatride car, la constitution du pays dont vous êtes à la tête depuis 28 ans ne me sied pas et je ne pourrai respecter aucune institution issue de cette constitution.
Le territoire Tchadien restera l’héritage que mes ancêtres m’auraient légué et que je léguerai à mes enfants mais l’Etat Tchadien et les institutions que vous représentez ne seront en aucun cas en accord avec mes principes de citoyenneté.
Dans l’attente impatiente du décret de ma déchéance de la nationalité Tchadienne, je vous prie monsieur Idriss Deby Itno de recevoir mes salutations distinguées.
Ampliation :
1. Ministère de l’intérieur France
2. Présidence de l’union Africaine
3. Secrétariat Nations Unies