Mahamat Akimi, un homme, une histoire et parcours atypique. Comment un simple boutiquier de la capitale économique, Moundou, est-il devenu une menace pour le régime de N’Djamena ? Adoum Mahamat Nour, auteur de ce récit, retrace l’histoire émouvante et le parcours exceptionnel de cet homme devenu au fil du temps un « wanted ».
Mahamat Akimi, ce chef rebelle qui joue au chat et à la souris avec Deby, qui est -il vraiment ?
Commençons tout d’abord par le parcours flippant de ce comique au sourire édenté.
Ce chef de guerre qui s’était démarqué du lot à l’époque de la guerre civile avec l’UFDD et Alliance Nationale par ces embuscades terrifiantes était au départ un Cheikh, communément, appelé Alfeki au Tchad. Il avait d’abord enseigné les cours élémentaires aux enfants dans un khalwa.
Ensuite il devient boutiquier non loin de Moundou dans le sud du pays. Jusque-là, tout allait bien. Le 13 avril 2006, il se réveille à N’Djamena sous les coups des rebelles dirigés par Mahamat Nour Tama. Là, il décide brusquement de porter l’uniforme militaire de l’armée nationale et va à la chasse comme si c’était son métier. Drôle d’histoire. Le type n’a jamais su où il allait jusqu’à 2015.
Après cette triste période du 13 avril, il est récompensé par l’armée tchadienne et monte les échelons. Mais le monsieur ne va pas tarder à rejoindre Mahamat Nouri à l’Est du pays. Dès son arrivée, il se fait remarquer par ses plans hors du commun. Fin stratège, il multipliait ses victoires et le petit groupe qu’il était à sa tête n’avait pas perdu beaucoup. Mahamat Akimi jouait ses cartes cash comptant. La hiérarchie n’a jamais su ce que c’était. Le 2 février 2008 après la fameuse attaque de la capitale qui s’est soldée par un grand échec, il décide de regagner le Soudan, cette fois, seul. Il passa par Abéché alors que les patrouilles et les contrôles de l’armée nationale tchadienne pour détecter les rebelles en fuite étaient chauds bouillants. Il passera quelques nuits à Abéché. Bravoure ou stupidité ? même lui ne le sait pas ! Bref, après la dispersion des rebelles tchadiens jadis soutenus par le Soudan, il décida d’aller en Erythrée en 2009. Quelques semaines plus tard, des agents de renseignements de l’ANS envoyés par Deby iront à sa recherche à Asmara. Il parvient à feinter ses bourreaux en tombant du bus dans lequel ils étaient tous ensemble et se regardaient les yeux avec les lunettes de soleil. Là, il prend la direction de la Libye. Deby voyait en lui un petit danger qui risquera de grandir. C’est là que l’aventure d’un homme très fin à la voix aigüe qui hantera 7 ans plus tard l’un des présidents les plus puissants de l’Afrique commence .
Sa réactivation : Mahamat Akimi passera plus d’un an à jouer aux cartes en Libye sous l’ombre des ligudabés et carrefours des tchadiens vivant en Libye.
Au moment du printemps arabe, le peuple libyen se révolte, le mec trouve une opportunité à ne pas rater. C’est la jungle, le mercenariat, le bussness. Il regroupe ses quelques amis et font le tour de la Libye. Il agrandira petit à petit son cercle. Après la chute de Ghadafi, son groupe compte les centaines d’hommes armés mais très discrets.
C’est là que sa relation avec Haftar le puissant Général de Benghazi se tisse. Petit à petit il gagne de la réputation. Sa notoriété en tant que fin stratège lui permet d’être sollicité tantôt par Haftar, tantôt par ses frères Toubou libyens qui subissaient des attaques de la part des autres libyens génocidaires.
Cela va lui permettre de s’enrichir matériellement, économiquement, diplomatiquement, en armement.
Vers 2015, des milliers des jeunes orpailleurs tchadiens iront à ses côtés. Les leaders politico militaires tchadiens décident d’aller préparer les troupes en Libye, mais le terrain était déjà préparé.
Mahamat Akimi propose un congrès et conteste le leadership du Gal Mahamat Nouri. Certaines sources affirment que c’est de là que survient le fameux combat meurtrier de 2016 entre les frères rebelles qui s’est soldé par la mort d’une vingtaine de personnes.
Après la naissance du FACT dans un premier temps et du CCMSR, notre aventurier décide de se replier avec les quelques milliers de soldats à son service dans une ville en Libye dont je ne connais pas le nom. Il n’est pas satisfait. Qu’a-t-il fait avant de se replier ? il a piégé simplement Deby en prenant à plusieurs reprises ses avances (manettes remplies de millions d’euros) et en lui jouant des tours comme dans les films de mafia. A chaque fois, les ANS rapportent au président que le Cemga a multiplié le nombre de ses artillerie et bazookas.
Deby aurait souhaité la désactivation des différents groupes rebelles en Libye mais cela ne se fera sans doute pas par Mahamat Akimi. Le président du Tchad se rend compte malheureusement très tardivement que Mahamat Akimi est plus malhonnête que lui-même. Un Alfoki boutiquier devenu chef de guerre. Ça va être compliqué… à suivre