Aucun jour ne s’écoule sans que les mères ne pleurent leurs enfants tragiquement disparus. Ils sont assassinés. Les pères, quant à eux, ont le cœur meurtri. Dans un silence à la fois complice et coupable, ils observent impuissamment les faits. La société tchadienne rime avec extorsions, disparitions, exactions, séquestrations, tortures, menaces de mort... Quelle famille au Tchad n’est pas victime du régime du 1er décembre 1990 ? Très peu nombreuse au cas où elle existerait. Nous n’avons pas la prétention de dresser un bilan morbide du régime mais le constat est que ces derniers temps les placards risquent de ne plus pouvoir contenir les macchabées. De Miadoum en passant par Mongo, Goré, N’Gueli, Walia, Farcha, massaguet, etc. des morts se comptent. La situation est alarmante. Des enfants tchadiens meurent dans le silence par la volonté d’un individu qui a le trophée de la mal gouvernance : Idriss Deby. Si Hissein Habré est vu comme la réincarnation du diable alors reconnaissons que nous l’avons remplacé par un vampire aux appétits voraces. Immersion dans un système où le quotidien rime au rythme des enlèvements, des tortures, des répressions violentes, des assassinats, etc.
La jeunesse tchadienne a été toujours prise pour cible par le régime de Idriss Deby. Toute voix discordante est toute de suite étouffée et aux meilleurs des cas, est violemment réprimée. Deby doit être applaudi des deux mains, ses louanges doivent être chantées en tout lieu : radio, télé, presse écrite et toile auquel cas vous êtes pris pour ennemi. La liberté que le petit berger de Berdoba avait promise en 1990 n’est que chimérique. Il avait dit en substance qu’il n’avait ni or ni argent pour le peuple mais la liberté. Mais est-ce cela la liberté lorsqu’une simple manifestation pacifique et à main nue est réprimée dans le sang ? Abachou, Massing, Rombaye… ces enfants ont été froidement et lâchement abattus dans la fleur de l’âge. Ont-ils demandé plus que la liberté pour vivre ? Et pourtant on leur a servi la mort ! De toute évidence leurs cris innocents qui traversent le temps hanteront pendant longtemps les bourreaux en attendant la sentence publique.
Outre les éliminations physiques qui sont monnaies courantes, le régime Deby a d’autres méthodes aussi sournoises que dangereuses. En effet, pour confirmer leur manque de vision, le gouvernement a lâchement supprimé la bourse des étudiants et les primes de recherche des enseignants chercheurs. Par ces actes ignobles le pays va sombrer irréversiblement dans les abimes. Un pays qui fait abstraction du système éducatif et de la recherche scientifique est appelé sans aucune mesure à s’éteindre. L’effondrement de l’Etat tchadien est donc réel. Ainsi le Tchad mourra par manque de patriotisme émanent des dirigeants sans charisme, ni vision ni mission. Aucune perspective en vue. Personne ne pourra, avec argument à l’appui, nous donner le cas d’un seul pays au monde qui a amorcé son développement sans recherches scientifiques et sans un système éducatif adéquat !
Le 6 avril 2017, Nadjo Kaina Palmer, porte-parole de Iyina a été interpelé et séquestré par l’Agence nationale de sécurité(ANS), la police politique du régime. S’en est suivi avec les arrestations d’une douzaine de jeunes qui demandaient sa libération. C’était le 10 avril aux environs de 10h. Bertrand Solo Ngandjei, rapporteur général de Iyina subira le même sort que les autres. Ils sont entre les mains de la machine répressive du système sanguinaire de N’Djamena puisqu’ils ont été condamnés à six mois avec sursis.
Dingamyanal Versinis, président du Collectif tchadien contre la vie chère(CTVC), après avoir été longuement interrogé par le DG de l’ANS, Ismat Issaka Acheik, a été jeté sans management derrière le barreau. Il a subi les pires tortures de sa vie. Son témoignage combien évocateur paru dans le journal « Le Visionnaire » a révélé le visage hideux du système MPS.
Dans la nuit du 11 au 12 avril 2017, a eu lieu à Massaguet, au Nord du pays l’un des crimes le plus crapuleux de l’année. L’attaque du convoi des prisonniers qui a occasionné 10 morts restera graver pour l’éternité dans la mémoire collective des tchadiens. Comment est-ce que cela est-il possible ? Incompréhensible ! Que faut-il espérer dans un Etat où les assassinats les plus inimaginables restent impunis et les forfaitaires vont jusqu’à narguer la population?
Mayadine Mahamat Babouri, journaliste et activiste est détenu, séquestré et torturé depuis presque dix mois. Il a été arrêté à N’Djamena, en pleine rue le 30 septembre 2016 par des hommes enturbannés et conduit dans un lieu tenu secret. Le mobile de son arrestation c’est de s’être opposé au 5e mandat du président Idriss Deby Itno dont sa ‘’réélection’’ en avril 2016 a fait l’objet de vives contestations. L’autre tort qu’il aurait causé c’est d’avoir également décrié la gestion chaotique et calamiteuse du régime de N’Djamena. Nul ne sait son lieu de détention et ne bénéficie d’aucune visite.
Ces macabres arrestations sont la preuve suffisante que la peur, autrefois l’apanage du peuple gagne peu à peu le camp adverse. Il nous appartient de garder le cap et accentuer la lutte au prix de notre sang. Si nous dormons, alors, nous allons tous mourir comme des parfaits idiots.
Masbé NDENGAR