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Tchad : « zaalan » ou la grande colère du rappeur Sultan !

par Ndengar Masbé 26 Avril 2017, 15:11 Tchad zaalan Sultan rappeur

Tchad : « zaalan » ou la grande colère du rappeur Sultan !

Guy Djikoloum, son nom à l’état civil et Sultan celui d’artiste. Sultan est devenu incontestablement en quelques années la référence du rap tchadien. Né en 1984, Sultan fait ses débuts ‘’rapologiques’’ en 1993 au sein du groupe les « Komplices ». En 1999, il fonde avec son ami Masta Do, à Cotonou au Bénin le groupe « Arsenal ». Mais c’est à travers le groupe Otentic que Sultan sera bien connu. Il fait la rencontre d’un autre jeune aussi dynamique et engagé comme lui : Kent. Ensemble ils ont enregistré leur premier album « sèches tes larmes », en 2000. Ils s’imposent sur la scène musicale N’Djamenoise. Ils conquièrent un large public au Tchad. Aux yeux de la jeunesse, Otentic est devenu un porte flambeau. Aujourd’hui, lancé en solo, Sultan, le pionnier du rap tchadien, est l’un des artistes le plus engagé de son pays voire. Il est à son 4e album et ne cesse de drainer le monde. « Enfant soldat » et « excision », sont deux titres phares qui ont valu sa décoration par le président de la République Idriss Déby, en 2012. Puis il sera ambassadeur de bonne volonté, décerné par les Nations-Unies. L’icône du hip-hop tchadien et véritable bête de scène, Sultan, sans langue de bois, aborde dans cet entretien son engagement musical mais revient sur la sortie de son dernier album « zaalan », je suis fâché en arabe local du Tchad. Que faut-il faire dans un pays où Sultan estime que « la situation est suffisamment catastrophique et dramatique » ? Interview.

 

Yadari info(YI) : Pouvez-vous présentez à nos lecteurs ?

Je suis à l’état civil Djikolome Guy et mon nom de scène est Sultan

YI : De quoi parle votre nouvel album ? Et l’album a combien de titres ?

Mon nouveau album parle des choses que nous vivons au Tchad et en Afrique en général mais l’album j’ai écrit au moment où une jeune fille a été violée ici par les fils des dignitaires tchadiens. Je parle de Zouhoura bien sûr. Cela m’a déchiré le cœur. J’étais révolté et ça fait remonter en surface beaucoup d’émotions que j’ai accumulées a tous les niveaux : l’injustice et l’impunité et de nos jours encore les femmes meurent en donnant la vie. Quand tu n’as pas d’argent on te laisse crever à l’hôpital comme un chien ; les policiers qui continuent à arnaquer et racketter la population ; l’administration est rongée par la corruption.

Pour voir ton dossier avancer il faut laisser les 10 pourcent pour gagner un marché et en face aussi il y a une jeunesse qui est résigné, qui s’est laissé aller dans la drogue, l’alcool et le sexe et qui refuse de se battre et resté les bras croisés. Mais en dehors de cette chanson il y a d’autres titres qui traitent les thèmes sociaux tels que « belle-mère » qui parle des difficultés dans les foyers. J’ai fait une chanson pour les mères à travers ma mère. Je rends hommage à toutes les femmes tchadiennes et celles du monde. « zaalan » est chanté en arabe local, ngambaye et français. Il comporte 11 titres et est enregistré entre le Tchad et le Canada

YI : Quel est le message fort qu’on peut retenir dans cet album ?

Le message fort qu’on peut retenir dans cet album c’est que j’appelle à l’éveil des consciences et que la jeunesse observe une rupture avec le passé, de vivre ensemble, voir dans la même direction et avoir le même combat pour développer notre pays, qu’on parle en terme de nation et non en terme d’ethnie ni de clan, ni de religion, etc.

YI : Que vous inspire de la situation actuelle au Tchad ?

En ce moment, la crise est général ou on va dire très aigue au Tchad chaque pays ou une nation cherche à trouver la situation a sa crise mais au Tchad on trouve des solutions de façon maladroites ou de façon un peu brutale. On surprend le peuple, on impose au peuple, on demande toujours au peuple et on ne jamais la même chose pour le peuple. La situation du Tchad est très catastrophique et très dramatique.

YI : Pourquoi le titre zaalan ?

« Zaalan » est par rapport à tout ce que j’ai énuméré plus haut. « zaalan » signifie en arabe local que je suis fâché. Je suis fâché pour tout ce que mon peuple traverse ; de tout qu’on a dit et qu’on continue à dire et qui ne change pas. Il faut à un moment donné on se pose des vraies questions et on trouve des solutions pour aller de l’avant.

YI : Quel est votre message à l’endroit du peuple tchadien et particulièrement à la jeunesse ?

La jeunesse tchadienne se prenne en charge et chasse la paresse. J’ai l’impression qu’il y a trop de laisser- aller. Tout le monde veut avoir de l’argent, mais personne ne veut travailler. Il faut que le peuple prenne conscience de sa situation et change ses conditions de vie ; il doit prendre comme devise la rigueur, le travail et la réussite.

YI : Votre mot de fin

Je remercie très profondément le site Yadari Info d’une attention particulière qu’il porte à l’ endroit des artistes tchadiens surtout qu’on n’est pas trop visible sur l’échelle mondiale, mais avec vous on compte sur vous pour l’émergence de la culture tchadienne. Merci

Kenzo Brown Doumaoussem

Article initialement publié sur Yadari Info

 

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