Je me suis trompé cette fois ci sur mon analyse. Je le reconnais. En effet, au courant de la semaine, je discutais avec deux compatriotes sur la violence et la sécurité qui règnent au Tchad. Ils m’ont dit ceci : « il y aura la paix quand chaque tchadien sera en mesure d’assurer sa propre sécurité et celle de sa famille. Il faut l’équilibre de la terreur. Les autres tchadiens doivent être armés comme ceux d’en face ». C’était assez évocateur. Naïvement, j’ai contesté me prenant pour un acteur de la non-violence. L’attaque du convoi des prisonniers à Massaguet corrobore à jamais leur thèse. Je confirme donc : Un Tchadien une arme. Sinon comment est-ce possible qu’un convoi des prisonniers escorté soit attaqué par des inconnus dans un Tchad réputé pour ses hauts faits d’armes ? Pourquoi les militaires prisonniers exécutés étaient-ils en treillis et menottés parmi plus 70 prisonniers en route pour Koro-toro ? Qui a donné l’itinéraire du convoi ? Pourquoi la toute puissante ANS n’a-t-elle pas déjoué cette attaque ? L’ANS n’est-elle apte qu’à traquer les opposants et les activistes ? Jusqu’à preuve de contraire, il existe indéniablement une complicité. Tentative d’analyse sur des crimes organisés.
Attaque de convoi de prisonniers à Massaguet au nord du Tchad dans la nuit du 11 au 12 avril 2017 par des inconnus. Il ne s’agit pas de la série « Prison Break ». Détrompez-vous. Ce drame se joue en plein cœur du Tchad. En rappel, une mésentente entre les militaires, il y a quelques mois de cela, s’est soldée par la mort du général Adoum Souleymane alias Adoum Touba, neveu du président Idriss Deby. Ceux qui seraient impliqués étaient incarcérés à la Direction Générale de Renseignements Militaires (DGRM), située à la sortie de N'Djamena sur l'axe allant à Moussoro.
Dans la nuit du 11 au 12 avril, un convoi transportant ces prisonniers en partance pour koro-toro, prison de haute sécurité, où ils devaient purger leur peine. Ce convoi a été intercepté à Massaguet par des individus armés. Le bilan est très lourd. Selon le procureur général près la cour de N’Djamena, le massacre a fait 10 morts et 2 blessés, dont 9 prisonniers et 1 agent de sécurité.
Le général Adoum Touba a été ainsi vengé, au prix de plus de 10 âmes ! Si la mort du général est déplorable et condamnable, alors le massacre de plus de 10 personnes pour le venger l’est davantage. Cela est inconcevable dans un Etat de droit. Mais cet acte confirme bien les dires de ceux qui refusent à tout prix que le Tchad soit un Etat de droit. En effet, selon certaines sources, il y aurait plus de 90 prisonniers dans le convoi où se trouvait le présumé assassin du général et seulement ceux qui ont été exécutés étaient habillés en tenue militaire et menottés. On est en droit de se demander pourquoi les avoir habillés en tenue militaire parmi tant d’autres prisonniers ? C’était un signe distinctif. Le code était donc clair. Qui sont les complices ? En rappel, la DGRM est rattachée directement à la présidence de la République et dirigée par le général Tahir Youssouf Boys, l’un des proches de Idriss Deby. Le recoupement de ces infos prouve déjà à suffisance, à ce stade, que cet assassinat crapuleux a été prémédité.
Le massacre a eu lieu à 23h. Si la zone s’avère dangereuse, alors pourquoi la décision de transférer les prisonniers la nuit ? Non, soyons réalistes ! L’interception a eu lieu dans un endroit précis, ce qui signifie qu’il y a eu évidemment une préparation au préalable. Ainsi donc les assaillants connaissaient bien l’itinéraire. Qui le leur en à communiquer ? Pour le savoir, interrogez donc le premier responsable de la DGRM, en occurrence le général Tahir Youssouf Boys. Il faut noter que 9 victimes sont toutes originaires du Kanem.
Selon nos sources, une somme de 200 000fcfa a été remise à certains assaillants pour l’achat de leur silence et la thèse d’une mission commandée aurait été avancée comme argument.
Le Tchad est devenu résolument une terre de conspiration de drame. Face à un Etat inexistant ou aux commandes n’existent que des voyous et assassins, la théorie de la non-violence a ses limites. Chacun doit assurer sa propre sécurité et celle de sa famille. Etre un agneau parmi les loups n’a jamais payé. Victimes de la cruauté et de la volupté du pouvoir, rentrez en paix dans l’Antre du père !
Nous vous proposons la liste des victimes.
1 colonel Souleyman
2 Choukou Zeni Seid
3 Abakar Ousman
4 Moussa Lamine Ali
5 Wardougou Adoum
6 Wardougou
7 Haki Allatchi
8 Issa Abdraman
9 Abdraman Adoum
Masbé NDENGAR