Un parcours inachevé ! Un rêve brisé ! Un espoir d’un lendemain meilleur envolé ! Quel souvenir reste-t-il des étudiants tchadiens de 2ie ? Triste ! Envoyés en étude pour être abandonnés par l’Etat parce que ce dernier n’a pas tenu à son engagement qui est d´honorer la scolarité et la bourse de subsistance. 1milliard 900 millions de fcfa, ce sont trois ans d´arriérés cumulés. Si la rentrée académique 2016-2017 au 2ie à Ouagadougou a été effective pour les autres étudiants, leurs condisciples tchadiens, impuissants, de loin, les regardent s’installer dans les salles de classe. Eux, abandonnés par le gouvernement inconscient vont devoir arrêter leur rêve, ici ! Nous sommes le 14 mars 2016. Un bras de fer sans précédent s’est engagé entre les étudiants et leur gouvernement, pendant 26 jours et 26 nuits. Retour sur les évènements, une année après.
« Nous avons déjà maîtrisé l'intérieur de l'ambassade. On y est depuis 5h du matin ». Détrompez-vous, ce n’est pas une opération de sauvetage des otages à l’enceinte du conclave diplomatique. Mais c’est par ce message qu’un étudiant m’a annoncé ce qui se passait à l’ambassade. Nous sommes le 14 mars 2016, Ouagadougou. Il est 4h du matin. Les étudiants tchadiens expulsés du campus de 2ie embarquent pour l’ambassade. Une quinzaine de kilomètres sépare leur campus de l’ambassade. Aux environs de 5h du matin la première vague pénètre dans l’enceinte de l’ambassade. La 2e vague a vu la résistance des forces de l’ordre. Elle a pris place au pied du mur et à tous les coins et recoins autour de l’ambassade.
Je me suis rendu à l’ambassade. Il est 8h. Sur l’étage flotte le petit drapeau bleu jaune roue. Aux balcons, les étudiants. Les regards presque perdus. Du haut du balcon certains étudiants m’adressent de chaleureuses salutations. Je soulève ma tête en prenant le soin de cacher mon visage des rayons du soleil encore timides par ma main. Je connaissais très peu d’entre eux. J’ai cherché à rencontre les responsables de la manif. Quelques échanges avec eux puis avec quelques confrères de la presse nationale qui étaient déjà sur place avons cherché à rencontrer les autorités de l’ambassade. Après maintes tentatives, le 1er secrétaire de l’ambassade, Idriss Ahmat nous décroche. Mais au bout du fil, l’homme était menaçant. Il dira à notre confrère en conversation avec lui de se référer à celui qui lui aurait remis son numéro de téléphone car son contact est privé pour répondre aux questions de journalistes. Quelle insolence !
Sur le mur, au niveau du balcon, une banderole et un drapeau sont juxtaposés. « Étudiants tchadiens à 2ie(BF), nous voulons étudier, nous demandons à l’Etat tchadien d’honorer ses engagements. Trop c’est trop. Payez nos frais de scolarité, de subsistance et de santé des années 2013/2014/2015 », tel était le message qu’on pouvait lire sur la banderole.
Visiblement fatigués, certains sont allongés à même le sol. Nattes, tapis, valises, moustiquaires, ustensiles de cuisine, tasses, sacs… bref ils ont emportés avec eux tout ce qui leur serait utile. Visiblement, leur séjour semble être long et un étudiant ne tardera pas à le confirmer à ces termes : « nous avons un long séjour ici ».
Leur nombre impressionnant impose le regard des passants (l’ambassade est située au bord d’une grande voie au quartier résidentiel Ouaga 2000). Les nouveaux locataires de l’ambassade, par groupe de 5 ou 6 s’adonnent aux jeux lugubres. L’inquiétude et la mélancolie se lisaient sur le visage de certains. D’autres se reposent et sont silencieux. L’ambiance est de recueillement pour eux. L’atmosphère était lourde et l’espoir semble s’évanouir au profit du désespoir. La situation était tendue et très délétère mais les étudiants sont déterminés. « Nous sommes décidés à aller jusqu’au péril de notre vie », lance un étudiant très remonté. Que s’est-il réellement passé ? La suite on la connait… Nous rendons, pour la circonstance hommage aux 69 étudiants de Toukra qui croupissent injustement dans les geôles de l’impunité à Amsinené.