Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Discours de Idriss Deby à la Nation : Serrer la ceinture, saison 3.

par Ndengar Masbé 5 Janvier 2017, 15:48 Tchad discours nation Idriss Deby

Discours de Idriss Deby à la Nation : Serrer la ceinture, saison 3.

La majorité des tchadiens n’attendait pas le discours de fin d’année de leur président. « C’est du déjà vu et entendu ». IlS n’ont pas eu tort. On se demande finalement qui est-ce qui rédige le discours du président ? C’est un discours creux et belliqueux. Cette année encore on n’a pas été épargné du fameux refrain « Tchadiennes, Tchadiens… » Le peuple avait besoin d’un discours d’espoir et non un discours qui présage un avenir sombre : « nous allons nous serrer la ceinture ». En 2015, le peuple avait serré la ceinture. Pareil en 2016. Il nous demande en cette année 2017 de serrer encore la ceinture. Faut-il le rappeler qu’à la ceinture le peuple a ajouté une corde voire même une chaine? Faut-il le rappeler également qu’à force de serrer, nos reins ont fini par ne plus filtrer le sang? Rien de rassurant dans son discours car, selon lui « les projections sont pessimistes et apocalyptiques » dans un contexte « sans argent et sans solution ». Il faut donc serrer la ceinture. Nous sommes ainsi en mode « serrer la ceinture saison 3, épisode 26 ans ».

 

L’année 2016 a été particulièrement affligeante pour le peuple tchadien. Même le plus optimiste aura du mal a dressé un bilan positif. Le peuple a été affecté dans tous les domaines. Ce, le président l’a reconnu à l’entame de son discours : « L’année 2016 qui s’achève a été particulièrement éprouvante pour notre pays(…) ». Malgré la situation préoccupante, rien n’a été fait pour soulager la population qui se demande à quel saint se vouer. Pire on enfonce le clou en imposant les 16 mesures les plus impopulaires et controversées. Pour Deby il fallait être proactif en imposant ces 16 mesures : « nous avons privilégié la recette de l’anticipation ». On anticipe ainsi la souffrance du peuple et tant pis…

Le président ressemble bien fort à un soldat vaincu avant le combat. Il jette l’éponge. Morceau choisi : « Il n’y a pas d’autre solution ». Le mot est donc lâché. N’attendez donc rien de lui puisque ce n’est pas pour demain la fin du calvaire du peuple tchadien ! À défaut de rassurer le peuple, il le plonge dans le désarroi et l’émoi : « je voudrais que les Tchadiens soient conscients que l’heure est grave ». Il est évident que les tchadiens savent que la situation est critique et désirent qu’une solution définitive soit trouvée. Mais le président envoie le peuple baladé en égratignant quelques pistes de solutions les moins rassurantes les unes que les autres : « Nous devons contrôler nos budgets, générer des recettes en diversifiant nos économies… ». Oui, mais en quoi faisant ? Que de la démagogique ! Pire c’est seulement et maintenant seulement que l’homme du Palais Rose estime qu’il faut « imposer une discipline budgétaire ». Le budget était donc à la merci de n’importe quel quidam qui pouvait se servir comme il le désire!

Le pays sombre, à pas feutré mais surement dans l’abîme sans qu’un début de solution ne soit trouvé par les autorités. Comme du mépris, le premier responsable demande au peuple de faire « des sacrifices » supplémentaires, lui qui est à bout de souffle. « A présent qu’il n’y a pas d’argent, nous devons accepter les efforts et les sacrifices ». Exiger des tchadiens de tels sacrifices témoigne que Deby ne mesure pas la gravité de la souffrance qu’endurent les enfants de la Nation. La question qu’on a le droit de se poser est de savoir qu’a-t-on fait pour le peuple lorsqu’il y avait de l’argent ?

Les promesses démagogiques s’enchainent. Le président dit qu’il y aura « investissement pour garantir une croissance durable, inclusive, génératrice d’emplois pour les jeunes et les femmes » mais avec quel argent puisqu’il dit qu’il n’y a « pas d’argent » ? « Y a pas de solution », renchéri-t-il. Un discours incohérent.

La création d’autres institutions et la mise en place des reformes ont été annoncées. Pour lui, « aujourd’hui, la corruption et le détournement des deniers publics ont gravement ponctionné les ressources nécessaires pour le développement du pays ». Cela fait combien de fois qu’il a promis « lutter contre les prédateurs et les prévaricateurs » ? Les actes n’ont jamais accompagné la parole sinon on ne parlera plus de la lutte contre la corruption moins encore ériger une institution à part entière, en occurrence « une Cour Spécialement dédiée aux crimes économiques et à la corruption ». Si l’Inspection Générale d’Etat est inefficace en la matière alors la Cour Spéciale sera seulement une institution de trop. Inutile. Ce n’est pas le nombre qui compte mais plutôt la qualité.

Selon Idriss Deby, les projections sont, bel et bien, « pessimistes et apocalyptiques » et qu’il travaillera à renverser la tendance sans toutefois nous dire comment il compte faire. Très vague promesse !

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires

Haut de page