Le système qu’il a érigé depuis 26 ans ne profite qu’à une minorité et cela est de nature à créer des frustrations de la majorité oubliée. Quoi de plus normal qu’il soit affublé par tous les sobriquets possibles. Il y a néanmoins une décision qu’il a prise lors de son investiture, le 8 août 2016 qu’il faut saluer : la diaspora tchadienne sera désormais représentée à l’Assemblée Nationale(AN). Il faut reconnaitre humblement que c’est une sage décision. Cela n’est pas fortuit, car cette année, des cris de détresse émis par les tchadiens vivants à l’étranger n’ont pas eu de précédents. Nous avions à travers nos écrits interpelés directement le président Deby sur le drame qui se jouait avec les étudiants de 2ie en plein cœur de la capitale burkinabè. Pour une décision intelligente, c’en est une et c’est aussi la preuve que, malgré tout, nos cris ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd. C’est aussi une action qui vient remettre en cause la maxime selon laquelle « le chien ne change jamais sa manière de s’assoir ». Selon nos informations c’est environ 19 places qui ont été accordées à la diaspora à l’hémicycle. Ce n’est pas rien. Pour un début, il y a de quoi s’en réjouir et féliciter à sa juste valeur l’initiateur.
Nous sommes des millions à travers le monde. Et les conditions de vie ne sont pas les meilleures. Beaucoup de compatriotes souffrent le martyre. Nos représentations diplomatiques sont généralement les plus médiocres et le bien être des compatriotes est leur dernier souci si cela existe dans leur domaine d’action. On se demande finalement quel est l’intérêt de leur présence. Pour certaines ambassades, on n’a l’impression qu’elles se sont spécialisés uniquement dans la confection de cartes consulaires. Vu cette carence diplomatique, la représentation de ce beau monde à l’AN ne peut que susciter l’adhésion de bon nombre. Ceux là qui connaissent mieux le vécu de ceux qu’ils représentent sont sans doute les mieux placés pour parler en leur nom. Pour un gouvernement caractérisé par l’insouciance sur le vécu de la population, qui contre toute attente met 19 députés pour le compte de la diaspora, relève d’un miracle et comme le miracle accompli ne peut qu’être bénéfique à la victime, nous réitérons une fois de plus nos encouragements aux décideurs.
Cette décision doit être effective d’ici 2017, donc seulement dans quelques mois. Selon certaines sources, les candidats seront proposés par les partis politiques. Nous aurions voulu qu’on aille au delà des partis politiques en permettant à la société civile de faire également ses propositions. Ces derniers, selon leur éthique et déontologie, ne visent que le bien-être de tous. Par contre les partis politiques sont mus généralement par leurs intérêts politiciens et égoïstes.
Le président Deby doit aller jusqu’au bout de son action. Aller jusqu’au bout consiste à veiller à ce que les représentants soient réellement des personnes qui connaissent les réalités, le vécu de ceux qu’ils représentent. Si tel n’est pas le cas il serait vraiment dommage. Nous préférons des gens à la fois actifs et proactifs, des hommes de terrain et non pas des gens qui resteront dans les villas huppées de N’Djamena en oubliant leur mission.
L’autre proposition serait d’avoir la présence de la gente féminine. Elles sont généralement les oubliées de la République et il ne faudrait pas qu’il en soit ainsi. Surtout que la compétence utilisée autrefois comme prétexte ne se pose plus de nos jours. Les femmes et filles capables, ça cour les rues.
Aussi est-il question de profiter, une bonne fois pour toute, rajeunir l’AN et l’intellectualiser. Trop de vieux ! Trop d’analphabètes ! Trop d’ ‘’honorables’’ dormeurs à l’hémicycle qui déshonorent et ternissent l’image de la Nation.