819 millions de FCFA. C’est le fond alloué par la France au Tchad. C’est la contribution du colon à l’amélioration de la sécurité alimentaire au pays de Toumaï. En rappel, le Tchad vient de fêter son 56e anniversaire d’indépendance le 11 août. C’est donc en toute indépendance que notre pays continue à tendre pitoyablement la main. Depuis toujours ce pays demeure dans un éternel assistanat. Il n’y a pas une seule année qui puisse s’écouler sans que notre pays ne soit face à une insécurité alimentaire. Et, c’est dans ces situations à la fois lamentables et pitoyables qu’on nous chante à longueur de journée l’émergence. Faut-il rappeler aux chantres de l’émergence que ladite émergence passe d’abord et en premier lieu par l’autosuffisance alimentaire. Ce n’est que du bluff.
Ce montant est reparti comme suit : 492 millions FCFA sont alloués à un projet mis en œuvre par le programme Alimentaire Mondial (PAM) et 327 millions de Fcfa à un autre projet mis en œuvre par l’ONG Première Urgence Internationale. Cette somme est consacrée à la région de Ouaddaï. Officiellement, c’est ainsi la répartition mais officieusement, ne nous demandez pas dans la poche de qui seront engloutis ces montants.
Le drame humanitaire est indéniable et c’est avec un tel pays, en plein récession économique que les autorités tchadiennes, se voyant garant de la sécurité continentale envoient des troupes dans plusieurs pays (Mali, Cameroun, Niger, Nigeria, RCA, Yémen) à coup de milliards du contribuable tchadien. Pendant ce temps, la plupart des enfants tchadiens n’ont même pas un repas par jour.
Pour un pays producteur de pétrole comme le Tchad, dévasté année après année par la famine, il y a lieu de dire sans risque de nous tromper que ses dirigeants sont sans vision. Les milliards générés par le revenu de l’or noir ont servi, d’une part à investir dans la quincaillerie militaire et d’autre part à calmer le mécontentement des petits cousins et neveux. Pitié !
Idriss Deby a toujours mis, dans ses discours, un accent particulier sur le monde rural donc l’agriculture mais aucun changement n’a été observé. Dans son discours du 8 août à l’occasion de son investiture il avait réitéré l’engagement envers le monde rural. De promesses en promesse ! Force est de constater que, plus il prononce ses discours plus le mal sévit. C’est la preuve que notre président nous a toujours menti. Quiconque ment une fois mentira toujours.
Nous venons de comprendre pourquoi juste quelques jours seulement après son investiture, il s’est envolé avec sa femme sur Paris : c’était pour aller tendre pitoyablement la main comme un mendiant. Il n’y a rien de plus honteux que de laisser son peuple mourir de faim.
Deby devrait comprendre qu’il a échoué dans sa politique. Faut-il rappeler que l’alimentation constitue le droit le plus élémentaire d’un individu. Il n’est donc pas en mesure de garantir au peuple tchadien ce minimum de droit. Alors que peut-il bien faire d’autre pour le peuple dans la mesure où il est incapable d’être fidèle dans les moindres choses ?
Le paradoxe est le fait de mobiliser 14 milliards pour son investiture et aller quémander moins d’un milliard. S’il est vrai que notre président n’a pas honte et est sans dignité, eh bien le peuple tchadien est fier et a une dignité à sauvegarder. Alors monsieur le président, abstenez-vous de verser le visage du peuple. Vu ce qui se passe, quelques interrogations s’imposent :
•A quoi sert-il d’organiser des élections à coup de milliards et aller mendier ?
•A quoi sert-il d’envoyer des troupes partout dans le monde tandis que le peuple meurt de faim ?
•A quoi sert-il de mobiliser 14 milliards pour une investiture tandis que les enfants, dans le Ouaddaï ont dépassé un seuil d’urgence de malnutrition ?
Le peuple, s’il ne l’a pas encore fait, doit comprendre maintenant que ce n’est ni or ni argent, moins encore la liberté que Deby lui a apporté mais la famine.
Masbé NDENGAR
texte initialement publié sur www.yadari.fr