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L’ambiance d’une nuit avec les « soldats » tchadiens de 2ie

par Ndengar Masbé 17 Mars 2016, 13:39 étudiants;2IE; Tchad

L’ambiance d’une nuit avec les « soldats » tchadiens de 2ie

Tchadrevolution.overblog.com a passé la nuit du 16 mars 2016 avec les étudiants de 2ie à l’ambassade. Constat : ces gens-là, ne sont pas que des étudiants, mais ce sont des « soldats ». Bienvenu dans l’univers des « soldats » d’un autre front, d’une nuit glaciale. Intrépides combattants pour l’avenir meilleur de leur nation, ces « soldats d’élites », combattent les intempéries les plus redoutables pour y parvenir. Ils sont prêts à tout !

Mercredi, 18h, telle une boule rouge, le soleil nous fait ces adieux, au lointain là-bas, derrières les immeubles de Ouaga 2000. Les usages de la circulation passent en nous jetant quelques étranges regardes. Les lampadaires s’allument et cette lumière semble nous donner de l’espoir. Les étudiants, éparpillés dans les coins et recoins, soit des immeubles, des arbres à la recherche de l’ombre convergent au pied du mur de l’ambassade. Les nattes et tapis sont étalés.

Par groupes de 5, 10 ou 15 nous jouons aux cartes, aux scrabbles ou animons des débats. C’est selon chacun avec sa spécialité. N’aimant jamais les jeux de société je rejoints les groupes de débat. Résumé : « aucun avenir avec les dirigeants de notre pays ; il faut prendre ses responsabilités ». Une chose me rassure pour la 1re fois vis-à-vis de la jeunesse tchadienne : la prise de conscience. Tant mieux donc.

Du balcon comme sur la terrasse de l’ambassade, les étudiants discutent et peaufinent des stratégies. Ils se donnent des idées, s’encouragent et sont déterminés à jamais à poursuivre la lutte. La vie semble reprendre un peu son cours, mieux que celle des jours précédents où durant 48h ils n’avaient rien mis sous la dent. Sous le portail de l’ambassade l’eau coule. Ce sont les ablutions : il est l’heure de la prière et il faut être au rendez-vous de Dieu.

Les bonnes volontés ont fait parler leur cœur…

19h45, un groupe de personnes arrivent. Qui sont-ils ? Ce sont les étudiants de l’Université Aube Nouvelle (U-AUBEN), l’une des universités qui compte le plus d’étudiants tchadiens au Burkina Faso. Ils sont venus apporter leur soutien aux camarades. Je n’ai pu contenir mes larmes pour cette solidarité. Convaincu que nous sommes à jamais unis pour cette noble cause. « Cet acte donne du courage de continuer la lutte jusqu’au bout », témoigne Christian, l’un des leaders du groupe. « Camarades, nous réitérons l’engagement de renforcer la troupe si besoin en est », ont témoigné également les étudiants de U-AUBEN. Chaud au cœur.

A l’écart, les leaders du groupe m’ont témoigné les gestes de certaines bonnes volontés. Une femme débarquant de sa voiture laissant une enveloppe avec un regard de compassion non seulement d’un être humain mais d’une mère. Des paquets d’eau sont stockés ; c’est également les dons des bienfaiteurs. Les appels de toute part pour le soutien moral pleuvent. « Les médias ne nous ont pas abandonné non plus », ont-ils reconnu.

Pour un repas de lutte, c’en est un…

22h10, coup de sifflet appelant au rassemblement. Il est l’heure du repas. Au menu : bouillie de petit mille. La priorité à ceux qui sont dans l’enceinte de l’ambassade, n’ayant pas la possibilité de se mouvoir comme ceux de l’extérieur. C’est notre tour d’être servi. Nous avons avalé avec plaisir et appétit le contenu de notre petit gobelet rempli au ¼. Pour un repas de lutte, c’en est un.

A l’instant, arrive un morceau de boule (to comme nous l’appelons au BF). Quelques coups de poignets, tels des coups de pioches ont eu raison de notre plat.

  • Déjà fini ? lance un d’entre nous
  • C’est petit on dirait que c’est du médicament, poursuit un autre. On n’a pu s’empêcher de pouffer de rire.
  • En tout cas c’est thérapeutique et c’est l’essentiel, conclu un autre qui s’allonge sur son tapi en remerciant le ciel et en bénissant cette fille, auteur du repas.

Une organisation commando

22h27, nouveau coup de sifflet. Nouveau rassemblement. Au programme : bilan de la journée avec des mises au point.

Christian fait état des lieux des différentes visites reçues ainsi que les soutiens de toute part.

Tour à tour chacun a pris la parole soit pour motiver, galvaniser, interpeler ou encourager à continuer la lutte mais surtout dans la discipline. Visiblement, « leur rigueur n’est pas loin de celle militaire », a remarqué un camarade qui leur demande de revoir certains points.

23h45, démobilisation avec une ferme conviction de poursuivre le combat jusqu’au péril de leur vie. Le nouveau mot d’ordre sera donné en fonction de la décision qui sera prise au conseil des ministres du jeudi 17 mars 2016.

00h15, certains d’entre nous sont au ‘’lit ‘’.

Une nuit particulièrement glaciale

2h5 minute, me voilà debout. Tous sont endormis. Certains sous leur drap, d’autres se recroquevillent ou les bras entre les jambes. Les ronflements de certains donnent une autre ambiance à cette atmosphère glaciale. Le vent qui souffle nous débarrasse néanmoins des moustiques qui ne sont visiblement pas pour nous accompagner dans notre lutte. Méchants insectes ! Zut !

Timidement, les étoiles s’éclipsent dans le ciel ; le jour succède à la nuit, avec de nouveaux défis ! Nous gagnerons !

Masbé NDENGAR

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