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« Il est temps pour  Déby de partir par la grande porte », Brahim Ahmat (SG du FACT)

par Ndengar Masbé 15 Mai 2020, 09:05 Tchad Deby Etat FACT Rebelle mouvement politique militaire

« Il est temps pour  Déby de partir par la grande porte », Brahim Ahmat (SG du FACT)

Créé le 2 avril 2016 par des patriotes et démocrates tchadiens de l'intérieur et de l’opposition en exil, le Front pour l’Alternance et la concorde au Tchad (FACT), un mouvement politico-militaire entend disputer par arme, le pouvoir avec le président Idriss Déby Itno. Et indique par la voix de son Secrétaire général qu’il n’est question de temps. Interview exclusive.

 

 Avant tout propos, je tiens à remercier votre journal Le Baromètre qui, dans ses activités escarpées, est parvenu à nous rapprocher pour une interview. Je m’appelle Brahim Ahmat,  secrétaire général du bureau fédéral du Front pour l’Alternance et la concorde au Tchad (FACT) en Europe.  Le FACT est un mouvement national, laïc et républicain. Le Tchad, depuis 1990, est sous la gouvernance d’un régime dictatorial, masqué sous le manteau de la démocratie pluraliste où aucune alternance politique pacifique n’est possible. Idriss Deby incarne l’Etat, toutes les institutions sont exclusivement à son service. Le pays est pris en otage par un clan et le Mouvement Patriotique du Salut (MPS), parti-Etat. L’ensemble des biens de l’État sont utilisés par ce parti au pouvoir.  La démocratie et les droits de l’Homme n'existent pas au Tchad. Le régime de N’Djamena gouverne notre pays dans l’opacité totale, le népotisme, la gabegie, la spoliation des terres, les détournements systématiques des ressources du pays, les arrestations arbitraires, etc.  C’est pour remédier à ces maux que le FACT est crée. Avec la détermination de nos forces, nous entendons lutter pour mettre fin au règne de l'arbitraire, de l'injustice et du grand banditisme. Nous aspirons à l’édification d’un État des droits, d’une nouvelle République dotée des fortes institutions justes, laïques et démocratiques.

Vous êtes basés où ? 

Nous sommes aux confins de la frontière tchado-libyenne.

Quelles sont vos conditions de vie ?

Nos conditions de vie sont celles de tout résistant, de tout révolutionnaire et de tout maquisard.

Combien de combattants disposez-vous pour atteindre votre objectif ?

Le FACT dispose des combattants formés, disciplinés, déterminés et capables de relever le défi. L’arithmétique n’est pas importante pour mener une révolution.

Avez-vous suffisamment de moyens pour renverser le régime de N’Djamena qui dispose d’une importante quincaillerie militaire ? 

Nous avons les moyens de notre ambition face à ce colosse aux pieds d'argile. D’ailleurs, dans une lutte armée, ce ne sont pas les moyens matériels qui importent. Pour nous, les facteurs les plus déterminants sont la justesse de la cause et la détermination des hommes. Notre lutte est légitime et juste.  Et les combattants sont plus que jamais prêts et déterminés à finir avec cette mafia érigée en système de gouvernance qui sévit dans notre pays depuis trois décennies. 

Le Tchad a souffert de guerres et en vit encore les séquelles. N’est-il pas mieux de choisir la voie du dialogue plutôt que celle des armes ? 

La loi fondamentale de notre pays nous reconnait le droit de nous opposer à tout régime dont la politique se fonderait sur l'arbitraire, la dictature, l'injustice, la corruption, la concussion, le népotisme, le clanisme, le tribalisme, le confessionnalisme et la confiscation du pouvoir. Donc nous n’avons pas choisi la voie des armes par gaieté de cœur, mais face à cette situation institutionnelle, économique, sociale, très chaotique, le manque d’une alternance politique, l’arrogance du régime qui refuse tout dialogue politique sincère, cette option s’est imposée à nous. La Patrie nous demande de prendre notre responsabilité citoyenne. Cependant, nous ne sommes pas des irréductibles jusqu'au-boutistes. Non. Bien au contraire, nous avons à maintes reprises appelé et même joint notre voix à celles de l’opposition de l’intérieur à la tenue d’un dialogue inclusif pour trouver une solution pacifique définitive aux maux qui minent notre pays. D’ailleurs, nous avons participé à la conférence de Genève du 22 Octobre 2019 qui avait regroupé la société civile, les politico-militaires, les partis d’opposition de l’intérieur, la diaspora, etc. Cette conférence dans sa déclaration finale, demande aux politico-militaires de déposer les armes à l’issue d’un dialogue inclusif sincère et respectueux des toutes les clauses, entre autres la démission du président Déby, la formation d’un gouvernement de transition… 

 Idriss Deby a dit que la prise de pouvoir par les armes est révolue et que c’est un chemin suicidaire. Avez-vous entendu et compris le message ? 

Pour nous, ce qui est révolu à jamais c’est la confiscation du pouvoir par la force des armes. En tant que mouvement de résistance qui se veut progressiste, émancipateur, notre objectif ne vise pas le fauteuil présidentiel. Nous ne cherchons pas le pouvoir pour le pouvoir. Nous voulons contribuer avec toutes les forces patriotiques, politiques et sociales à un changement radical dans la gouvernance de notre pays. Par conséquent, ce qui serait vraiment suicidaire, ce n’est pas la résistance contre le mal mais la résignation qui est un suicide collectif. En somme, Deby est vraiment très mal placé pour s’ériger en donneur de leçon en matière de lutte armée. Il devrait se regarder dans la glace avant de parler.

Un mouvement rebelle sans soutien extérieur survit difficilement, surtout en Afrique subsaharienne. Qui sont vos soutiens ou vos bailleurs de fonds ? 

L’endurance et les conditions difficiles sont les lots quotidiens de tout Homme qui se veut libre et indépendant. Nos combattants au terrain affrontent ces difficultés en bravant le froid, la chaleur, l’éloignement familial. Nous sommes un mouvement de résistance national soutenu par le peuple tchadien pour reconquérir sa liberté et aspirer à une vie digne et paisible. 

 

Deby a accordé l’amnistie à tous les opposants politiques et militaires exilés. Certains sont même déjà rentrés. Qu’attendez-vous ?   

C’est l’hôpital qui se moque de la charité. C’est plutôt à lui de demander l’amnistie au peuple tchadien pour les maux qu’il lui a infligés. Nous ne sommes ni de criminels, ni des voleurs pour chercher une clémence d’Idriss Deby. 

 

Précarité, misère, famine, systèmes éducatifs et sanitaires paralysés.... Que vous inspire la situation socioéconomique du pays ? 

Vous avez tristement décrit la situation gravissime que traverse notre cher pays et c’est pour toutes ces raisons là que nous sommes entrés en résistance pour pouvoir changer les choses. En un mot, la situation de notre pays est indescriptible, insupportable et intenable. C’est le résultat de plus de 30 ans de gouvernance chaotique, et le seul responsable de cette catastrophe s’appelle le MPS, incarné par Idriss Deby.

En la matière, quelles solutions préconisez-vous ? 

Nous préconisons un changement radical dans le mode de gestion du pays, en instaurant une gouvernance vertueuse débarrassée de toutes les tares et les contrevaleurs qui sont propres au système MPS. En un mot, il faut repartir sur des nouvelles bases saines.

Quelle est votre offre politique au peuple tchadien ? 

Nous avons travaillé sur la mise en place de toutes les conditions nécessaires afin que le peuple tchadien prenne réellement son destin en main. En ce qui concerne les modalités, nous rendrons public très prochainement notre Manifeste politique.

Comment convaincre les Tchadiens que vous pourriez mieux faire que Deby ? 

Il est à jamais révolu le temps où un groupe armé, tout puissant n'ayant de compte à rendre à personne, conquiert le pouvoir, asservit les Tchadiens, confisque les libertés et piétine la démocratie. A l'instar des autres pays qui se sont débarrassés de leurs dictatures, le peuple tchadien également dans la concorde, peut bouter cette mafia criminelle hors du Tchad afin de recouvrir sa dignité. C’est pourquoi nous demandons au peuple tchadien de nous faire confiance en participant activement à l'action patriotique et salvatrice que nous avons engagée en son nom, et qu’il devienne acteur. Le FACT se veut comme le bras armé du peuple tchadien pour concrétiser ses aspirations légitimes.

 

 Vous avez lancé des hostilités contre le régime de Deby il y a quelques semaines de cela. Est-ce que vous vous êtes fixé une date line pour la prise de pouvoir ?  

 

Le Front pour l'Alternance et la Concorde au Tchad (FACT) s'organise et se prépare lucidement, et la fin du calvaire du peuple tchadien n'est qu'une question de temps.

 

Il y a plusieurs factions rebelles au Tchad. Mais on constate que chacune mène son combat. Il n’y a pas d’unité. N’est-ce pas là, la confirmation que chacun de vous convoite le Palais Rose au nom de ses intérêts personnels ?    

Nous dialoguons et confrontons nos arguments de façon permanente. La majorité a déjà rejoint le FACT comme en témoigne les vidéos de la cérémonie du 4e anniversaire du FACT. 

Être contre Idriss Deby et son système MPS en soi n’est pas un projet de société. Pour cela, nous continuons toujours à travailler et sensibiliser en portant la voix de l’unification autour d’un projet politique dans l’intérêt supérieur de la nation tchadienne. Mais cette démarche n’ouvre aucunement la porte aux unions ou rapprochements des circonstances, voire de coalitions hétérogènes qui ont montré leurs limites dans l’histoire du Tchad. Dans pareille circonstance, vaut mieux être seul que mal accompagné. Les semaines à venir nous réservent beaucoup de surprises.

Si on vous donne une occasion d’une rencontre avec Idriss Deby, qu’allez-vous lui dire, en face ? 

Le peuple tchadien entend reconquérir sa liberté, et sa marche vers celle-ci est irréversible, il est temps pour vous de partir par la grande porte. 

Vous venez de célébrer votre 4e anniversaire. Quel bilan ? 

En quatre ans d’existence, le FACT se raffermit politiquement et militairement. Ce temps nous a permis de former et sensibiliser nos camarades sur les valeurs de patriotisme et le rejet de toutes formes de communautarismes, le brassage des hommes, le respect strict du règlement intérieur.

                                                         président du FACT

 

Avez-vous un message particulier à adresser au peuple tchadien ? 

En cette période difficile, nos pensées et affections vont à l’endroit de nos compatriotes qui font face à cette pandémie, toutes nos condoléances aux familles et proches des disparus. Face à cette crise sanitaire inédite, nous saluons les efforts de l'ensemble du personnel soignant tchadien. Ce personnel réclame à cor et à cri du matériel médical pour continuer à prendre soin de la population, mais inaudible face au système MPS. Encore une fois, le système à bout de souffle a montré au monde entier son incapacité à protéger le peuple tchadien. Nous appelons le peuple tchadien à briser la chaîne de cette servitude volontaire. Ta liberté naîtra de ton courage, rejoignez-nous pour qu’ensemble nous bâtissons cette nation tant chère à nos cœurs, celle qui assurera l’éducation de nos enfants, la sécurité de nos compatriotes, la justice sociale, la santé de nos concitoyens, la protection des plus démunis, la répartition équitable des richesses nationales et, pour qu’enfin, chacun d’entre nous se sente pleinement libre dans notre pays. Peuple tchadien, soit fier de notre histoire commune, d’appartenir à une grande nation, à un peuple riche par sa diversité, fort par sa cohésion nationale et ouvert sur le monde. Pour finir, nous profitons de l’occasion pour adresser par avance à nos concitoyens de confession chrétienne une joyeuse pentecôte et à nos concitoyens de confession musulmane une joyeuse fête de ramadan. 

 Une interview initialement publiée dans le Journal Le Baromètre no 021 de mai 2020

Propos recueillis par Masbé NDENGAR

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